Dans la tradition algérienne, l'injure ou la parole offensante et le blasphème ou la parole qui outrage la divinité sont prohibées. Il n'y a pas si longtemps, dans les campagnes, celui qui se rendait coupable de ces offenses était réprimandé et, souvent, condamné à verser une amende. Cependant, en dépit de la désapprobation sociale, l?Algérien a toujours pratiqué l'injure ? sseb en arabe et rregmat en berbère ? et le blasphème ?Idjhel en arabe et ajhal en berbère. Le blasphème est plus grave que l'insulte. On emploie également, en plus de djhel, le verbe kfer, qui signifie au sens propre «renier Dieu, renier la religion, se comporter en mécréant». Mat khelinich n?ssebek (ne me laisse pas t'insulter) et metkheliniche nedjhhel (ne me pousse pas à blasphémer), dit-on en guise d'avertissement. Mais bien souvent, quand la colère ou la passion prend le dessus, on se laisse aller à l'insulte ou au blasphème. Dans la tradition, l'insulte est pareille aux coups et celui qui la profère à l'encontre d'un autre lui doit réparation. Le minimum exigé est l'excuse qu'on doit présenter en public, mais, dans certains cas, l'excuse n'est pas acceptée et une bagarre est enclenchée pour laver l'affront. Des bagarres qui, parfois, se terminent en drame... C'est pourquoi on essaye souvent de minimiser la portée des insultes : «Tissusaf d aman, ne'âlat d awal», dit le proverbe kabyle (le crachat n'est que de l'eau qui sort de la bouche, les insultes ne sont que des propos !) autrement dit, il ne faut pas accorder d'importance à ce type d'offense... Facile à dire mais difficile à faire quand on accroche son honneur à des mots ou à des gestes... Le pardon des blasphèmes, lui, dépend de Dieu? La religion a prévu des compensations, dont le jeûne, pour effacer le péché dont on s'est rendu coupable en blasphémant.