Périple Un commerçant sur les hauteurs d?Alger, occupant un local depuis 1964, raconte ses déboires avec l?administration pour l?acquisition des murs abritant son commerce. «A l?origine, ce bien immobilier appartenait à un Français, il s?agit d?un appartement, d?un local et d?une salle de cinéma. J?ai bénéficié du local en 1964, en tant qu?ancien moudjahid. Le cinéma est alors propriété de l?Etat lors de la socialisation des salles de cinéma, tandis que l?appartement était occupé par un tiers qui l?a quitté peu après. Aujourd?hui, j?occupe les lieux et ce, depuis 1972, mais je ne peux acheter cet appartement. Je ne possède aucun papier justifiant le paiement des loyers puisque l?APC n?a pas accepté d?encaisser les loyers lorsque je me suis rapproché d?elle à l?époque.» Et de poursuivre : «L?appartement relevait, à l?origine, du cinéma. Ce dernier est aujourd?hui géré par les services de l?APC qui refusent la mise à jour du paiement des loyers et m?ont orienté vers les Domaines.» Cependant, notre interlocuteur ignorait que les biens immobiliers appartenant à l?APC étaient concernés par la cession. D?autant que ce commerçant compte acquérir ces biens au comptant. Autre cas : une famille ,qui habitait au plateau des Annassers, a fait l?objet d?une expropriation au profit du nouveau siège du ministère des Affaires étrangères. L?un de ses membres raconte ses déceptions : «Nous avons été délogés du plateau des Annassers où nous habitions depuis 1960. Nous payions nos loyers régulièrement jusqu?en 1982. A un moment, nous avons eu un retard de paiement de loyer que nous avons réglé dernièrement. Les services des Domaines ont estimé la valeur à 13,5 millions de centimes. Nous attendions l?évaluation du coût du bien que nous occupions. C?est alors que l?expropriation est intervenue le 5 mai dernier mettant en échec notre projet de devenir enfin propriétaires de ce bien.» «Aujourd?hui, certains de ces locataires sont sans logement, d?autres ont bénéficié de chalets au lieu d?appartements, ou alors ont eu à choisir les appartements qui leur convenaient», témoignent des habitants qui ne comprennent pas «cette politique du deux poids, deux mesures» de la part de l?administration publique. Des recours ont d?ailleurs été déposés auprès du wali d?Alger. Ami Saïd, lui, est retraité de la police depuis quelques années déjà. Il occupe un logement de fonction dans une cité de la police sur les hauteurs d?Alger. Il exprime ses inquiétudes : «J?ai été fonctionnaire de police pendant plus de 35 ans. J?ai bénéficié d?un premier logement de fonction dans un quartier populaire que j?ai dû quitter pour un autre logement, lorsque j?ai décroché mon grade de commissaire, dans une nouvelle cité dans la banlieue d?Alger. Entre-temps, j?ai été affecté au Commissariat central. La direction générale avait décidé, à l?époque, de rapprocher les officiers supérieurs de leur lieu de travail. A la suite de quoi, on m?a attribué un autre logement proche d?Alger-Centre. Je n?ai pas tardé à prendre ma retraite. Il faut que je vous précise que lorsque j?étais encore en poste, je m?étais renseigné sur les possibilités d?acheter mon logement. On nous a donné espoir à ce moment-là que nos logements pourraient être acquis. Nous gardons espoir.»