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Ainsi va la vie
Revanche sur la vie (1re partie)
Publié dans Info Soir le 14 - 07 - 2004

Rêve Mourad veut que sa mère demande la main de sa cousine.
Comme un ours en cage, Mourad va et vient. Sa mère, Yamina, sait ce qui le préoccupe, mais elle ne dit rien. Il faut bien qu'il vainque cette timidité qui le paralyse et qu'il apprenne à s'exprimer et surtout à se défendre. A vingt-cinq ans, il se comporte encore comme s'il en avait quinze ! Mais elle a pitié de lui et elle finit par lui parler.
«Voyons, Mourad, qu'est-ce qui se passe ?
? Rien, rien», dit-il en rougissant. Pourquoi ne lui dit-il pas qu'il veut qu'elle aille demander la main de sa cousine Bahia ? Il y a deux jours, il a chargé sa jeune s?ur, Hayet, de la délicate mission de lui transmettre son v?u : épouser sa cousine? Ce v?u, Yamina, Bahia et sa famille le connaissent depuis longtemps, mais il fallait attendre que la situation de Mourad se stabilise. Depuis quelque temps, c'est chose faite : il a obtenu sa titularisation dans l'administration où il travaille et il pense, dans les mois qui viennent, passer des examens qui lui permettront de gravir des échelons. Bref, les choses se présentent plutôt bien pour lui, mais il continue à tourner... Il se pose aussi des questions : pourquoi sa mère ne parle-t-elle donc pas ?
«Hayet m'a parlé, dit Yamina.
? Ah bon, fait-il en détournant la tête.
? Oui, dit-elle, mais j'ai appris que sa mère est absente... On m'a dit qu'elle est allée en ville pour assister au mariage de son neveu.
? Ah bon, fait encore Mourad.
? Oui, j'ai appris encore qu'elle revient demain... Je lui laisse le temps de se reposer et, après-demain, je vais aller la voir.»
Mourad arrête de tourner.
«Je pense que ce ne sera qu'une formalité et que Taos comme Rachid t'accorderont la main de leur fille !
? Ils l'avaient promis du vivant de père...
? Oui, dit Yamina en soupirant.
? Tu crois qu'ils tiendront leur promesse ?
? Bien sûr ! Et puis, tu t'es toujours entendu avec Bahia ! Je ne vois pas pourquoi on ne t'accorderait pas sa main !»
Yamina a raison : il s'est toujours entendu avec sa cousine ; en fait, pour employer les termes qui conviennent, il l'aime et elle l'aime et ce, depuis l'enfance. Et depuis qu'il travaille, il a décidé, d?un commun accord avec la jeune femme, de demander sa main. Mais il a préféré attendre sa titularisation pour donner à ses futurs beaux-parents des garanties de sa stabilité. Son futur beau-père est en fait le cousin germain de son père et, comme tout le monde dans la famille, il connaît son sérieux et son dévouement pour les siens.
A la mort de son père, il y a trois ans, il a arrêté ses études supérieures pour se faire recruter dans une administration. Il a pu ainsi subvenir aux besoins de sa famille et financer les études de ses deux frères et de sa jeune s?ur.
Sa mère attend toujours la pension de son père : une pension en devises qu'on lui dit très substantielle, mais qui n'arrive toujours pas, en dépit de toutes les démarches entreprises. (à suivre...)


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