Opportunité ■ Ce sont souvent les revendeurs qui en tirent profit à cette occasion. Ils sont souvent pointés du doigt et considérés comme responsables de cette hausse faramineuse des prix des moutons. Ils n'ont aucun lien avec l'activité d'élevage, mais profitent de l'occasion de l'Aïd el-Adha pour s'enrichir en achetant un grand nombre de moutons auprès des éleveurs et les proposer ensuite à la vente avec une importante marge bénéficiaire. Cette année encore, le marché des moutons n'a pas échappé au diktat des maquignons, ces spéculateurs qui ont aménagé des points de vente anarchiques au niveau des villes du nord du pays. «Si vous voulez acheter un mouton moins cher, vous n'avez qu'à prendre la destination des wilayas des Hauts-Plateaux !», réagit, sèchement, un vendeur à Birtouta. «Je suis un revendeur et j'ai le droit de gagner dans mon activité, non ? Le client se plaint souvent des prix, sans prendre en compte le risque et les frais du déplacement et de la nourriture de ces moutons», lance-t-il en direction d'un citoyen qui se plaignait de la cherté des prix appliqués. Des moutons proposés entre 25 000 et 35 000 dinars dans les wilayas de l'intérieur du pays connues pour l'activité d'élevage ovin (Djelfa, Tiaret, El-Bayadh...), se vendent entre 40 000 et 60 000 dinars chez les revendeurs. La marge bénéficiaire dépasse, donc, 15 000 dinars. En l'espace de quelques jours, ces maquignons font fortune au détriment du simple citoyen, qui ne sait plus à quel saint se vouer pour pouvoir accomplir la sunna d'Abraham. Le commerce des ovins n'est soumis à aucun règlement, ni documents exigés au préalable pour son exercice, ce qui donne libre cours à ces gens qui se transforment en intervenants «puissants» dans ce domaine. «J'exerce cette activité depuis une dizaine d'années. A un mois de l'Aïd, j'achète environs une cinquantaine de tête et je les revends ici à Alger, ça marche très bien. Et c'est ainsi que je gagne ma vie», avoue Rabah, la quarantaine. Concernant la marge bénéficiaire jugée exagérée, il se défend : «Au contraire, nous arrangeons au maximum les clients, car si les éleveurs se déplaceraient, eux-mêmes, ils appliqueraient des prix plus élevés». Les explications de notre interlocuteur tiennent la route, puisque même les éleveurs pratiquent les mêmes prix que ceux exigés par les maquignons. Avec, bien évidemment, d'autres arguments : cherté des aliments, frais du déplacement et du loyer du garage... C'est dire qu'il s'agit d'une équation difficile à résoudre et le citoyen est contraint soit de céder aux exigences, ou faire l'impasse sur le sacrifice du mouton. Pour échapper à cette mercuriale, certains clients optent pour une autre solution. Un groupe d'amis ou de voisins collectent une somme d'argent, chacun selon ses moyens, et partagent les frais du déplacement vers les localités de l'intérieur du pays afin d'acheter leurs moutons à des prix raisonnables. «Nous sommes une dizaine de voisins à adopter cette solution depuis cinq ans. Nous chargeons deux personnes d'entre-nous pour le déplacement et l'achat de moutons et c'est une option qui nous arrange à merveille», affirme Omar, habitant à Garidi (Alger). Un exemple à suivre...