Contestation ■ Les associations de la vallée de la Soummam réclament la révision du tracé du projet visant le doublement de la voie ferrée au niveau de cette localité. Les contestataires ont bloqué, hier, le trafic sur l'unique voie ferroviaire de la wilaya de Béjaïa à hauteur de Ricki, à 75 km à l'ouest de la ville, a indiqué la chef de gare de Béjaïa. Ils ont recouru à cette méthode pour exiger du moins la révision, sinon la correction de ce tracé, porteur, à leurs yeux, de «graves conséquences» sur les habitations, à traverser et les unités locales, situées dans son couloir. «1600 habitations et 32 unités économiques, 3 mosquées, plusieurs cimetières sont concernés», selon le président de l'Association de défense des intérêts des citoyens, des opérateurs économiques et industriels de la Soummam, qui plaide en faveur d'un nouvel itinéraire ou le retour à une première esquisse du projet, jugée moins nuisible. Pour les responsables de l'Anesrif (Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires), ce bilan est «nettement exagéré». «Il ne concerne tout au plus que 480 habitations et une vingtaine d'unités économiques qui, de plus, ne sont pas menacées frontalement», s'est défendu l'un de ces responsables, estimant que «l'étude et les levés topographiques ont été faits par un bureau d'études étranger ayant une expérience et une compétence avérées dans ce domaine». Hier, une réunion des protestataires avec les responsables de l'Anesrif, maître d'ouvrage délégué du projet, en présence des élus locaux et nationaux et du wali de Béjaïa, a tourné court en raison de divergences apparues dans l'approche des uns et des autres. Néanmoins, un rendez-vous est pris à Alger prochainement pour essayer de lever les équivoques et tenter de corriger les tronçons qui posent le plus de problèmes. Au stade de la mise en place des bases de vie des entreprises engagées dans la réalisation, notamment, Cosider et infrarail, le projet risque encore d'être retardé après avoir longuement souffert des contestations populaires. Plus de 400 protestataires ont été dénombrés dans le seul axe reliant Ifri-Ouzellaguène à Akbou, selon les associations récalcitrantes. La suspension du trafic plonge la SNTF dans un grand désarroi, ayant eu à souffrir péniblement d'actions similaires répétitives depuis le début de l'année, la dernière en date lui ayant valu une fermeture de 16 jours durant, à Boudjellil, selon Mme Rachedi qui signale que l'autorail reliant Béjaïa à Alger est bloqué depuis samedi à Béjaïa, assorti de surcroît d'un remboursement de tous les clients qui ont réservé leur place pour cette semaine. Le projet de voie ferrée Béjaïa-Béni-Mansour, dont les travaux de réalisation n'ont pas encore commencé, porte sur le doublement de la voie sur 87 km, assorti de la construction de 21 ponts et viaducs, le creusement de trois tunnels et la modernisation de neufs gares et quatre haltes. Selon la fiche technique, il devrait être réceptionné en juillet 2019 et va permettre la circulation de trains express avec des vitesses de pointe de 160 km/heure pour les trains voyageurs et 100 km à l'heure pour les trains de marchandises. En plus des gains de temps et de sécurité qu'il devrait procurer, sa réalisation est de nature à renforcer substantiellement l'ouverture de la wilaya vers les autres régions du pays.