Expressions n La scène théâtrale algérienne connaît ces dernières années l'émergence de jeunes comédiens talentueux, doués, charismatiques et créatifs, tous versés dans le monologue. Ils sont de plus en plus nombreux à investir les planches, à désirer y faire carrière. Tous rêvent d'une reconnaissance dans la profession. Et rien ne semble vouloir les arrêter, puisqu'il existe aujourd'hui des espaces qui leur sont dédiés. Des lieux favorables à leur épanouissement professionnel. Il existe effectivement des forums dans lesquels ces comédiens -qui se produisent sur scène en solo- peuvent jouer et faire valoir leur talent, à l'exemple des Journées théâtrales d'El Oued, de Tipasa… Ou encore le Mois du monologue de Constantine. Tous ces rendez-vous deviennent une tradition s'inscrivant désormais dans l'agenda culturel national, des rendez-vous annuels tant attendus et par les comédiens et par le public – celui-ci affiche davantage d'engouement pour ce genre de spectacle. Parce que le monologuiste se met en contact direct avec son public. Il lui parle franchement et simplement. Avec tous ces rendez-vous, on assiste à l'émergence d'une pléthore de jeunes comédiens et comédiennes qui évolue dans cette forme d'expert dramatique, «l'orientation des artistes vers cette discipline est due aux coûts de montage du monologue, qui sont nettement inférieurs à ceux d'une pièce à large distribution, avec un grand nombre d'acteurs». Ainsi, les coûts financiers expliquent la raison pour laquelle nombreux sont ceux qui se tournent vers le monologue. En plus, le monologue est devenu un phénomène artistique en vogue. Quant à Omar Fetmouche, dramaturge et directeur du théâtre régional de Béjaia, il tient à apporter une nuance. Pour lui, «il une grande confusion qui règne dans le théâtre algérien entre monologue, monodrame et one-man-show» qui sont trois disciplines distinctes d'un théâtre à distribution unique (un seul comédien)». Et d'expliquer : «Les trois disciplines ne peuvent être perçues de la même manière, puisque le monodrame est un travail théâtral à part entière, (comprenant l'écriture dramaturgique, la mise en scène, la performance du comédien et parfois la chorégraphie) le monologue n'est qu'une performance individuelle dans une pièce théâtrale, alors que le one-man-show est basé sur le rire et la dérision. De ce fait, les trois disciplines ne peuvent être jugées ou produites de la même façon, surtout qu'elles sont fondues toutes les trois dans le moule du monologue auquel sont consacrées aujourd'hui des Journées nationales.» Selon lui, pour faire, voire réussir un monologue, cela nécessite pour le comédien «un grand capital d'expérience sur la scène». Y. I. Donner la parole aux autres l Le monologuiste – qu'il soit dans le monologue, le monodrame ou le one-man-show – ne doit pas s'encombrer de mots pompeux ou d'un style recherché. Il doit s'adresser à l'assistance qui est devant lui dans un langage sobre et compréhensible, un langage communicatif et dans une sensibilité que cette dernière – l'assistance – ressent au plus profond de soi. Le comédien s'emploie à attirer son attention, à la toucher. Et pour ce faire, il doit user de naturel. Il est tenu de faire preuve de spontanéité. C'est son atout et c'est ce qui fait l'originalité de son spectacle. Vient ensuite l'improvisation. Le monologuiste ne doit pas réciter son texte, simplement le débiter, le dire d'une façon structurée et carrée. Il doit, au contraire, le jouer, misant essentiellement et d'une manière permanente sur l'improvisation – celle-ci se fait sur le tas – de situations nouvelles. Cela lui permet de gagner la sympathie du public et rendre son spectacle attractif. L'improvisation aide le comédien à gérer son jeu, à le maîtriser et à le rendre davantage imaginatif. Et à l'improvisation vient s'additionner l'interacti-vité. Le comédien occupe la scène de manière à établir, dès l'entame du monologue, un rapport de réciprocité, créant une situation – et de l'ambi-ance – de partage avec le public. Tout cela garantira assurément le succès du spectacle et, pour le monologuiste, une reconnaissance du public et, de surcroît, de la critique. Y. I.
