Danger n «Le trafic des comprimés psychotropes ne relevant pas de l'industrie pharmaceutique et destinés exclusivement à des fins criminelles avec des composants de drogue, prend de l'ampleur». Le trafic des comprimés psychotropes non pharmaceutiques, fabriqués par des laboratoires clandestins situés dans des pays proches géographiquement de l'Algérie, prend de l'ampleur, ont affirmé, hier à Oran, des experts. Interrogés par l'APS en marge d'un séminaire sur «la Drogue et la toxicomanie» ces experts, dont des officiers de la Gendarmerie nationale ainsi que des chercheurs académiques, ont alerté sur l'ampleur du trafic des comprimés psychotropes en Algérie. Ils sont fabriqués dans des laboratoires clandestins dans la région méditerranéenne et en Afrique du Nord. «Le trafic des comprimés psychotropes ne relevant pas de l'industrie pharmaceutique et destinés exclusivement à des fins criminelles avec des composants de drogue, prend de l'ampleur. Ce phénomène s'observe de plus en plus, notamment à travers la saisie d'importantes quantités de ce genre de substances», a souligné le commandant Yacine Boumrah, représentant de l'Institut de la criminalistique et de la criminologie de Bouchaoui, relevant du Commandement de la Gendarmerie nationale. Le même officier a tiré la sonnette d'alarme quant aux risques et dangers de ce type de psychotropes sur la santé humaine, physique et mentale. Les narcotrafiquants activant dans ce créneau ciblent particulièrement les jeunes. Pour lui, ce phénomène nécessite des mesures de lutte et de sensibilisation, impliquant les différents acteurs, telle que la société civile et l'université. De son côté, le commandant Abdelmalek Derradji, du Commandement de la Gendarmerie nationale, a dressé un tableau sur le trafic des psychotropes. Les services de la Gendarmerie nationale ont saisi, durant les premiers quatre mois de cette année à l'échelle nationale, quelque 302 000 comprimés psychotropes, dont une partie importante a été fabriquée dans les laboratoires clandestins. La substance saisie est répartie sur trois types : les psychotropes pharmaceutiques acquis sur prescription médicale, les psychotropes pharmaceutiques non reconnus par la législation nationale, ainsi que des comprimés de drogue des laboratoires clandestins, a expliqué à l'APS le lieutenant Mohamed Kecir, du département de toxicologie relevant de l'Institut de criminologie de la Gendarmerie nationale. Le lieutenant Kecir a fait état de l'apparition, en 2016, de deux nouveaux types de comprimés de drogue, à savoir «Mythilone»et «Bythilone», produits par les laboratoires clandestins. Ces deux produits ont été découverts pour la première fois en Algérie, lors des différentes saisies de psychotropes, notamment au niveau des frontières Ouest du pays. R. N. Saisie de 500 tonnes de kif traité depuis 2010 l Cette énorme quantité de drogue saisie, selon les services de Gendarmerie dans les nombreuses affaires traitées lors de 76 000 enquêtes, provient du Maroc. Les saisies ont eu lieu dans différentes régions du pays, notamment sur la bande frontalière Ouest. Les enquêtes et les opérations menées contre ce trafic ont permis d'arrêter 10 000 personnes activant dans des réseaux de trafic international de drogue. Parmi ces saisies, figurent plus de 30 tonnes interceptées, ces quatre premiers mois de l'année en cours, au niveau national par les services de la Gendarmerie nationale, les gardes frontières et les unités territoriales. Les affaires de drogue notamment celles liées à la commercialisation et au trafic international occupent une bonne place dans les affaires de criminalité traitées ces dernières années. Ces affaires représentent un taux de 27%. Par ailleurs, le représentant du Commandement de la Gendarmerie Nationale a rappelé qu'avant 2008, les saisies de la gendarmerie, à l'échelle nationale, oscillaient entre 3 et 4 tonnes de kif traité par an. En 2008, cette quantité a atteint les 30 tonnes puis 65 tonnes l'année suivante en 2009 et à plus de 130 tonnes comme moyenne record en 2013. La même source a noté que depuis le durcissement des dispositions de sécurité et surveillance des frontières notamment le recours aux équipements du Génie et les mesures du plan Lalla Maghnia, les saisies de kif traité ont pris une courbe descendante.