Constat n L'interaction entre la littérature et le cinéma en Algérie transparaît et dans le travail d'adaptation, et dans l'apport de l'écrivain à l'écriture scénaristique. Il est de plus en plus fréquent de voir, aujourd'hui, le cinéma s'appuyer sur la littérature. Il tire dans cette matière – ô combien inépuisable et renouvelable – toute son inspiration et, de surcroît, des plus créatives. Cela lui confère une originalité novatrice. A Hollywood, les plus grosses productions, celles qui figurent dans le box-office, sont adaptées d'œuvres littéraires, à l'exemple de “Twilight”, une saga littéraire. Cette série de romans fantastiques et sentimentaux est signée Stephenie Meyer publiée entre 2005 et 2008. Il y a aussi “Divergente”, une autre saga littéraire signéeVeronica Roth. il y a encore “Hunger Games”, une trilogie écrite par l'auteure américaine Suzanne Collins. Autant pour dire que le cinéma est étroitement lié à la littérature, tous genres confondus. Qu'en est-il de l'Algérie ? Le cinéma, comme la télévision, se sont toujours intéressés à la littérature. Tous deux en ont fait l'objet de leur création, une autre source d'inspiration. On se souvient de «L'opium et le bâton», un roman de Mouloud Mammeri, adapté au cinéma en 1969 par Ahmed Rachedi, une adaptation qualifiée d'ailleurs de “magistrale”. Il y a aussi Mustapha Badie, qui, dans les années 1970, a eu la brillante idée d'adapter l'œuvre de Mohammed Dib à la télévision. Le feuilleton, «El hariq» (L'incendie), a valu au réalisateur un grand succès, voire un succès retentissant, qui, grâce à cette réalisation faite, entre autres, en hommage à l'illustre homme de lettres, le feuilleton est entré dans les annales de la Télévision algérienne. A propos du travail d'adaptation, Mohamed Bensalah, universitaire, spécialiste de la sémiologie de l'image et de l'adaptation cinématographique à l'université d'Oran, explique : «Une œuvre littéraire n'appartient pas uniquement à l'auteur ni à un certain type de lecteurs. Elle rejoint le domaine de la propriété publique et peut être confrontée à d'autres œuvres d'art en étant soumise à un phénomène de décloisonnement.» L'on assiste alors à ce désir de revisiter l'œuvre du grand écrivain algérien par le biais d'une représentation attrayante grâce à la magie des images filmiques. L'interaction entre la littérature et le cinéma en Algérie transparaît, outre dans le travail d'adaptation, dans l'apport de l'écrivain à l'écriture scénaristique. C'est ainsi que Rachid Boudjedra, un autre romancier algérien de stature internationale, y a contribué avec sa plume d'une manière significative. Il a écrit les scénarios d'une dizaine de films. Il est, entre autres, le scénariste de “Chronique des années de braise”, film réalisé pa Mohamed Lakhdar Hamina, qui a obtenu la Palme d'or au Festival de Cannes 1975". Ou encore, en 1981, “Ali au pays des mirages”, film réalisé par Ahmed Rachedi, qui obtient le Tanit d'or au Festival de Carthage, enTunisie, et un Prix spécial du jury au Festival international du film de Moscou. Force est de constater, par ailleurs, que de nombreux écrivains travaillent comme scénaristes sur l'adaptation cinématographique de leurs propres œuvres. C'est le cas de Mohamed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra (un autre écrivain de notoriété internationale), qui, ayant coécrit le film “La route d'Istanbul” de Rachid Bouchareb, a travaillé sur l'écriture scénaristique de son roman “L'attentat”. «Aujourd'hui, le monde de la littérature et celui du cinéma s'influencent mutuellement», souligne Mohamed Bensalah, et d'abonder : «De nombreux écrivains travaillent comme scénaristes sur l'adaptation cinématographique de leurs propres œuvres ou sur des idées originales. L'écriture s'en trouve modifiée parfois dans son esprit et donne lieu à un style visuel, pré-cinéma. De même, les réalisateurs trouvent souvent dans les romans matière à adaptation, tant les formes d'expression ont des points communs. Les écrivains d'aujourd'hui, tout en inventant des formes nouvelles d'écriture, restent imprégnés du style réaliste qui est la marque d'un certain cinéma. Nombre d'écrivains ont mené conjointement leurs œuvres littéraires et un travail d'écriture cinématographique.»