Résumé de la 6e partie n Arnie Huxtower battit l'eau plus fort, pour tenter de faire plus de bruit que les vagues elles-mêmes, mais sans succès.. Il faut vous ménager, Huxtable, reprit Bert. Laissez donc tous ces shérifs diriger un peu leur club eux-mêmes. Ce qu'il vous faut, c'est des vacances. Levez donc le pied et détendez-vous une semaine ou deux. Arnie rentra chez lui en pensant que le vieux Bert avait peut-être raison. II était vraiment fatigué. Quand avait-il pris des vacances pour la dernière fois, après tout ? Il avait besoin de repos pour retrouver la forme. Mentalement, et physiquement. Arnie s'empara du téléphone pour annoncer à l'usine qu'il s'octroyait, à l'instant, une semaine de vacances. Evidemment, ça voudrait dire que son vice-président devrait repousser ses vacances à lui, mais être président comportait des privilèges, non ? Tiens, il prendrait deux semaines. II resterait sur l'île. II dormirait tout son soûl, mangerait convenablement et nagerait tous les jours. Il nagea le matin suivant. Mais il n'était pas dans l'eau depuis cinq secondes que la voix s'éleva de nouveau : — Responsable... responsable... responsable...,murmuraient les vagues. Arnie cessa de nager. II en avait par-dessus la tête. Il s'adressa à l'océan : — Bon dieu, de quoi tu parles à la fin ? — Les lois de la nature, disait la voix. Les lois des hommes. Tu es responsable... responsable... responsable... Arnie fit force de bras vers la plage. Responsable, mes fesses ! Il leur montrerait ! Il leur montrerait à tous ! Arnie Huxtower n'était responsable à l'égard de personne ! De personne ! Il lutta contre les vagues. Le ciel était clair et resplendissant comme toujours, mais la mer avait foncé et forci. Quand'il toucha enfin au rivage, Arnie s'allongea un moment, suffocant comme un poisson sur le sable avant de pouvoir rassembler assez de forces pour monter les escaliers et rentrer chez lui. — Il y a pas de doute, commenta Ed. Là, autour des yeux, comme du grisâtre, pas vrai, Ev ? — Maigri, renchérit Evan. Vous avez maigri. Vous les avez prises, juste à temps, ces vacances. — Peut-être qu'il vous faut un docteur, ajouta Bert. On en a un bon. Enfin, bon, pour un docteur. Arnie Huxtower renifla de mépris. Comme s'il allait jamais confier son corps, assuré pour cinq millions de dollars, à un toubib de cambrousse ! Il avait un médecin en ville, un ponte, qui le traitait gratis aussi longtemps qu'il lui glissait des tuyaux de temps en temps, juste avant de conclure une affaire. Mais peut-être devrait-il filer en ville se soumettre à un examen. — J'ai maigri, en effet, répondit-il aux hommes sous le porche. Trop de natation, sans doute. — Trop de tentations, répliqua Evan. Arnie le saisit par sa chemise : — Qu'est-ce que vous avez dit ? Evan dégagea sa chemise. II avait l'air un tantinet étonné : — Trop de natation. J'ai dit trop de natation. Vaudrait mieux vous reposer. vous me paraissez fatigué. A suivre