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Histoires vraies : La photo
Publié dans Info Soir le 04 - 06 - 2017

Résumé de la 1re partie - cette maudite voiture qu'il ramène un samedi matin devant la porte de l'immeuble, Eva la prend en grippe.
Une belle plante, Sophie. Vingt-cinq ans, l'air déluré, pas d'enfant, et un mari routier toujours absent. Le genre à porter la dernière minijupe à la mode, et à changer de coiffure tous les quinze jours.
L'affaire commence par une conversation banale, à propos justement d'une nouvelle robe que Sophie étrenne un matin du mois d'août.
Eva contemple tristement l'allure resplendissante de sa voisine du septième.
— Je n'y arriverai jamais... jamais... deux cents marks... Tu sais où j'en suis ? A récupérer les sacs plastique au supermarché pour la poubelle !
— Fais comme moi ! Je gagne cent marks de l'heure ! Et je te jure que ce n'est pas fatigant !
— Cent marks ? Qu'est-ce que tu fais pour cent marks ?
— Des photos. Un peu spéciales.
— Comment ça spéciales ?
— Des photos de nu ! Mais attention, dans le genre artistique, hein ! Pas de porno, jamais. J'ai un copain à Francfort qui a un studio, il cherche des modèles, tu veux essayer ?
— Moi ? Toute nue ?
— Et alors ? Ya pas de mal à ça... Tu es bien fichue, tu es blonde, une vraie blonde en plus, c'est très recherché, je t'assure ! Il y a des tas de filles qui se battraient pour avoir ce boulot !
— Mais je ne saurais jamais !
— Y a rien à savoir, Eva, tu arrives, tu te déshabilles, Franck te dit quelle pose tu dois prendre, ça dure environ deux heures, tu empoches l'argent, et tu te paies ce que tu veux !
— Mais mon mari ?
— Comment veux-tu qu'il sache quelque chose ? Si tu ne lui dis rien, il n'en saura rien ! Tu crois que le mien est au courant ?
— J'ai honte !
— Alors mange des patates !
Les jours passent, et la Coccinelle verte nargue toujours Eva en bas de l'immeuble. tandis qu'elle épluche ses patates. Et Sophie change de robe quand elle veut, passe son temps chez le coiffeur, et le dimanche, au bras de son époux, fait l'admiration des copains. Eva ronge son frein. Elle commence à s'exercer devant la glace dès que son fils est parti pour l'école et Karl pour l'usine. Sophie a raison au fond, c'est vrai qu'elle est bien faite ! Même dans un vieux maillot de bain démodé...
— Sophie ? Tu me jures que c'est discret ?
— Viens voir, tu te rendras compte par toi-même.
Fin août 1970, Eva et Sophie se rendent en secret à Francfort dans le studio photo de Franck.
C'est discret, effectivement. Franck travaille en appartement, pas de plaque sur la porte, aucune inscription indiquant son métier. Et en plus il est sympathique !
Bon alors voilà, pour une photo de buste, c'est vingt marks, pour un nu entier c'est cent marks, et pour un nu en action c'est six cents marks, mais il faut compter trois heures de présence...
Eva écarquille les yeux.
— C'est quoi un nu en action ?
Sophie connaît. Elle explique. Evidemment il s'agit là d'un art un peu particulier, qui nécessite des aptitudes de comédienne, mais attention... jamais de porno !
A suivre


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