Position Le Conseil de sécurité a décidé d?un embargo immédiat sur les armes pour 13 mois. La résolution 1 572, adoptée à l'unanimité des 15 membres du Conseil à l'initiative de la France, comprend également une interdiction de voyager et un gel des avoirs pour certaines personnes qui seront désignées comme constituant une menace pour la paix et la réconciliation en Côte d'Ivoire, soit parce qu'elles bloquent l'application complète des accords de Marcoussis et Accra III, soit parce qu'elles seront considérées comme responsables de violations des droits de l'Homme ou ayant publiquement incité à la haine et à la violence. Ces mesures seront levées si des progrès substantiels dans la mise en ?uvre des accords de Marcoussis et d?Accra étaient constatés, tels la réforme par le gouvernement de l'article 35 de la Constitution sur l'éligibilité à la présidence de la République et le désarmement par les ex-rebelles. La résolution française était coparrainée par l'Allemagne, le Chili, l'Espagne, les Etats-Unis, la Roumanie et le Royaume-Uni. L'ambassadeur de France à l'ONU, Jean-Marc de La Sablière, a en outre souligné que le Conseil avait «pris en considération le souhait de l'Union africaine» (UA), en décidant que l'embargo sur les armes soit immédiat. L'UA avait demandé dimanche un embargo immédiat sur les armes et soutenu le projet français de résolution, lors d'un sommet extraordinaire consacré à la crise en Côte d'Ivoire auquel ont participé six chefs d'Etat à Abuja. La résolution exige, par ailleurs, que les autorités ivoiriennes stoppent toutes les émissions de radio ou télévision incitant à la haine, l'intolérance et la violence. L'ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'ONU, Philippe Djangoné-Bi, a, pour sa part, déploré la décision du Conseil, la qualifiant d'«injuste» et estimant que Paris était à la fois «juge et partie» dans cette affaire. Sur le terrain, Abidjan avait retrouvé lundi un visage apparemment plus serein pour la «journée de la paix», après un week-end lui aussi relativement calme, mais les «jeunes patriotes», partisans de Laurent Gbagbo, ont témoigné du climat gravement détérioré avec Paris en réclamant le départ des soldats français de Côte d'Ivoire. «Il faut que les soldats français se retirent» de Côte d'Ivoire, a lancé le leader des «jeunes patriotes» Charles Blé Goudé, accusant l'armée française de «tentative de coup d'Etat» contre le président Gbagbo. Selon le leader de ce mouvement, véritable milice du pouvoir, les affrontements entre «manifestants aux mains nues» et armée française devant l'hôtel Ivoire d'Abidjan le 9 novembre, ont fait «64 tués et plus de 1 400 blessés» dans les rangs des patriotes. Il a également démenti toute exaction de la part de ses partisans contre les Français (14 000 dans le pays) et les étrangers. Lundi après-midi, cherchant à ramener les échanges sur un terrain plus diplomatique, le ministre français de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a assuré que pour la France, le régime ivoirien était «toujours légitime». Elle a aussi appelé à l'application des accords de paix de Marcoussis (signés en janvier 2003 par le pouvoir et la rébellion nordiste).