John Bolton, le représentant us à l'Onu a dénoncé l'incapacité de l'organisation mondiale à faire respecter ses propres résolutions concernant la question du Darfour, cette localité soudanaise victime d'un génocide perpétré par les autorités de Khartoum. Le tonitruant représentant de Bush ne s'est pas empêché de brocarder le conseiller spécial de kofi Annan pour la prévention des génocides, qui devait faire un rapport devant le Conseil de sécurité. Aux yeux de Bolton l'organisation mondiale perd trop de temps en palabre alors que l'urgence de la situation au Darfour n'exige que l'application de mesures recommandées par le Conseil de sécurité. Le paradoxe est qu'en s'opposant ainsi, au nom de l'efficacité du Conseil, à la déposition du collaborateur de Annan, certainement très critique à l'égard de Khartoum, l'ambassadeur américain, qui n'a jamais caché son aversion pour l'Onu, s'est retrouvé dans le même camp que la Chine, la Russie et l'Algérie qui, depuis des mois, s'opposent systématiquement à tout durcissement des positions de l'Onu sur le conflit du Darfour. Ces trois pays, chacun pour ses raisons propres, se disent hostiles au principe même des sanctions, qu'ils considèrent contre-productives. Derrière cette position, se cachent parfois des intérêts très concrets, comme dans le cas de la Chine qui a des contrats pétroliers avec Khartoum. Moscou, Pékin et Alger sont parvenus à bloquer toutes les tentatives du Conseil de sécurité, d'imposer des sanctions vraiment efficaces, que ce soit au gouvernement soudanais, aux milices djandjawids qui le soutiennent ou aux groupes rebelles du Darfour. Les seules sanctions en place sont un embargo sur les armes à destination des groupes non gouvernementaux au Darfour, non respecté, ainsi qu'une interdiction de voyager et un gel des avoirs financiers pour les personnes soupçonnées de crimes contre l'humanité, qui ne sont pas encore appliquées non plus car un comité ad hoc chargé d'en dresser les listes n'a pas fini son travail. Pourtant, c'est Bush qui a été constamment en pointe sur ce dossier, poussant à davantage de fermeté. C'est le seul à avoir qualifié les exactions commises au Darfour de génocide. Lorgne-t-il le pétrole soudanais ? D. Bouatta