Le Conseil de sécurité des Nations unies a infligé lundi dernier à New York des sanctions à la Côte d'Ivoire, comprenant un embargo immédiat sur les armes pour 13 mois, alors que le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier qualifiait depuis Paris la situation de ce pays d'“extrêmement préoccupante”, malgré une accalmie sur le terrain. La résolution 1572, adoptée à l'unanimité des 15 membres du Conseil à l'initiative de la France, comprend également une interdiction de voyager et un gel des avoirs pour certaines personnes qui seront désignées comme constituant une menace pour la paix et la réconciliation en Côte d'Ivoire, soit parce qu'elles bloquent l'application complète des accords de Marcoussis et Accra III, soit parce qu'elles seront considérées comme responsables de violations des droits de l'homme ou ayant publiquement incité à la haine et à la violence. Ces mesures seront levées si des progrès substantiels dans la mise en œuvre des accords de Marcoussis et Accra étaient constatés, tels la réforme par le gouvernement de l'article 35 de la Constitution sur l'éligibilité à la présidence de la république et le désarmement par les ex-rebelles, selon des sources diplomatiques. La résolution française était coparrainée par l'Allemagne, le Chili, l'Espagne, les Etats-Unis, la Roumanie et le Royaume-Uni. L'ambassadeur de France à l'Onu, Jean-Marc de La Sablière, a en outre souligné que le Conseil avait “pris en considération le souhait de l'Union africaine” (UA), en décidant que l'embargo sur les armes soit immédiat. L'UA avait demandé dimanche dernier un embargo immédiat sur les armes et soutenu le projet français de résolution, lors d'un sommet extraordinaire consacré à la crise en Côte d'Ivoire auquel ont participé six chefs d'Etat à Abuja. La résolution exige, par ailleurs, que les autorités ivoiriennes stoppent toutes les émissions de radio ou télévision incitant à la haine, l'intolérance et la violence. L'ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'Onu, Philippe Djangoné-Bi, a pour sa part déploré la décision du Conseil, la qualifiant d'“injuste” et estimant que Paris était à la fois “juge et partie” dans cette affaire. À Paris, le chef de la diplomatie française Michel Barnier a déclaré devant l'Assemblée nationale que la situation en Côte d'Ivoire demeurait “extrêmement préoccupante”, indiquant que depuis le 10 novembre, 6 000 Français étaient rentrés volontairement en France sur des vols réquisitionnés organisés par le ministère des Affaires étrangères. Environ 69 plaintes, dont trois pour viol, ont été déposées par des rapatriés français venant d'Abidjan depuis les premières arrivées mercredi soir à l'aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle, ont indiqué des sources judiciaires. Un dernier avion affrété par le gouvernement français pour évacuer ses ressortissants est arrivé hier vers 1h (00h GMT) à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle avec environ 250 passagers à bord dont une cinquantaine de personnels soignants et diplomatiques. R. I. A.