Au lendemain de l?indépendance, toutes les conditions étaient favorables à l?émergence et au développement d?un cinéma algérien avec plus de 400 salles pour assurer la distribution et la diffusion du produit. L?Algérie produisait des films et jouait un grand rôle dans les différents festivals internationaux. Mais l?absence d?une stratégie fiable et d?une politique du film allait précipiter sa descente aux enfers. Nos politiques n?étaient pas conscients de l?importance de l?image, ils n?avaient arrêté aucune politique concrète favorisant le développement du cinéma. Ces derniers ont agi de manière à le faire entrer en agonie. Aucun intérêt n?a été, en effet, réellement formulé ou orienté sur le septième art. Ils ne tenaient pas compte de l?enjeu politique qui peut en découler. Les dirigeants ont tout bonnement préféré s?en dissocier au lieu de l?utiliser comme un instrument pour la valorisation de l?identité culturelle algérienne. C?est à partir de 1998 que l?on assiste à la totale perdition du cinéma algérien : liquidation précipitée des entreprises de production et de distribution cinématographique sans qu?il y ait, au préalable, une politique agissant de manière à restructurer le secteur et en même temps à sauvegarder cet art précieux. Point d?infrastructures, donc point de production. La crise politique qu?a connue l?Algérie durant la décennie noire a eu une implication directement néfaste sur le cinéma. Celui est devenu moribond. Le glas a été définitivement sonné. Les cinéastes, pour certains, s?exilent et vont réaliser des films sous d?autres cieux, s?assujettissant ainsi aux exigences des producteurs étrangers : la mémoire algérienne, fracturée, déformée, passe d?abord par le prisme de l?autre. Si le cinéma est confronté depuis quelques années à une crise, s?il vit un malaise, c?est parce qu?il n?est pas défini par les autorités dans un cadre juridique et institutionnel pouvant le protéger ainsi de la perdition et de tout le marasme financier. Longtemps, le cinéma semblait être voué à disparaître. Mais Djazaïr 2003, une année de l?Algérie en France, qui se voulait une bouée de sauvetage, a tenté de provoquer le déclic : la relance du débat sur le renouveau, donc la renaissance du septième art. Mais l?on a vite déchanté. Avec l?année de l?Algérie en France, l?on s?est rendu compte qu?il n?y avait pas un cinéma récent pour le présenter à cette occasion en France. L?on a donc pris conscience de la nécessité de réfléchir sur une volonté politique pour penser une action aidant à faire renaître le cinéma de ses cendres et à assurer son développement. Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, a tenté une sortie hasardeuse : conduire le projet de relance du septième art en Algérie jusqu?au Conseil de gouvernement. Celui-ci sera pris en considération, et adopté le 7 janvier 2004. Mais il se trouve que le décret portant création d?un Centre national de la cinématographie algérienne (Cnca) ne sera rendu officiel qu?au mois d?août 2004. Plus tard sera suivie la nomination de son directeur général : Mohamed Abdelkrim Aït Ouméziane. Ce nouveau-né arrivera-t-il, une fois devenu grand, à illuminer nos salles obscures ? Attendons pour voir?