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Ahmed Bédjaoui
Mort programmée du cinéma algérien
Publié dans El Watan le 22 - 02 - 2007

Diplômé de l'Institut des hautes études cinématographiques (Paris) et titulaire d'un doctorat en lettres américaines, Ahmed Bédjaoui a commencé sa carrière en 1966 à la Cinémathèque algérienne avant de devenir conseiller du DG de l'ONCIC, puis sous-directeur de la Télévision chargé de la production. A ce titre, il a produit des dizaines de longs métrages et l'émission Télé ciné-club, qu'il a animée vingt ans durant. Ici son regard avisé sur le marasme du pays à produire ses images.
Quel bilan de la cinématographie algérienne faites-vous depuis l'indépendance ?
Curieusement, l'Algérie au lendemain de l'indépendance est partie par là où elle aurait dû être arriver aujourd'hui ; c'est-à-dire par un épanouissement de sa production cinématographique soutenu en cela par des structures commerciales, techniques et industrielles pérennes. Or c'est le contraire que nous avons aujourd'hui : un cinéma moribond qu'on laisse dépérir dans un contexte économique qui n'a jamais été aussi favorable depuis 1962. Nous avons hérité lors du recouvrement de notre indépendance de 420 salles magnifiques qui constituaient alors le parc le plus important d'Afrique et du Moyen-Orient. Il existait en outre une tradition cinéphilique exceptionnelle dans le pays. Cet amour du cinéma avait permis à des cinéastes comme Djamel Chanderli de placer le film comme arme majeure dans le combat pour la libération du pays. Il faut dire qu'au sein du GPRA, il y avait des visionnaires de la dimension politique de M'hammed Yazid qui étaient capables de comprendre le poids des images produites et leur impact sur l'opinion internationale. Il y avait enfin des gens intelligents comme Mahieddine Moussaoui, qui dès 1965 a créé à Ben Aknoun le Centre national du cinéma, mais aussi la Cinémathèque algérienne (longtemps restée la deuxième du monde), et vous aurez une image assez complète de cette grandeur passée du cinéma algérien. Il est bien sûr aisé aujourd'hui de juger le passé, mais il faut bien le dire le ver était déjà dans le fruit, particulièrement avec deux décisions qui se sont avérées des erreurs majeures, pour ne pas dire monstrueuses. La première fut la nationalisation des salles, puis leur attribution en majorité à des municipalités totalement novices en matière d'exploitation cinématographique. La deuxième fut la création d'un monopole sur la distribution des films en Algérie. Du jour au lendemain, le cinéma a perdu en Algérie toute sa tradition commerciale et professionnelle incarnée d'une part par des propriétaires de salles qui les avaient achetées aux anciens possédants européens et d'autre part par des distributeurs mondiaux comme les grandes compagnies américaines ou des privés algériens qui maîtrisaient parfaitement leur métier. La suite, on la connaît. Des métiers disparus, des centaines d'emplois perdus. Un circuit de salles obéré par un personnel de plus en plus pléthorique et par une absence quasi totale de maintenance : la mort lente mais néanmoins programmée d'un outil merveilleux. Aujourd'hui on essaie de recréer les circuits du libre marché pour lesquels nous avions une tradition et une expertise. Mais les salles ont disparu ou ont fermé. Nous avons produit des films, mais la vraie question est : avons-nous développé un cinéma ? Pour moi, la réponse est clairement non, puisque avec tout l'argent généré par ce circuit de salles, nous n'avons jamais développé de structures industrielles. Pas de laboratoires, mais des sommes énormes englouties dans les transferts vers les labos étrangers. Pas de studio ni de siège. Face à nos 420 salles dans les années 60, les pays voisins comptaient ensemble moins d'une centaine. Qu'en est-il aujourd'hui ? Au Maroc dont le cinéma n'existait pour ainsi dire pas du tout il y trente ans, une centaine de salles aujourd'hui sont actives. Ce chiffre avait atteint il y a dix ans 130 cinémas. Le pays qui a fait appel à son élite, dispose de deux labos, l'un public et l'autre privé. Quant aux studios, tous privés, il y en a à Casablanca, mais surtout à Ouarzazate. Les grosses productions internationales se bousculent pour venir tourner à Ouarzazate, car elles y trouvent des costumiers, des armuriers, des techniciens, des labos et des studios. Ajoutez à cela le festival de Marrakech, de Tétouan et les autres… C'est ce qu'on appelle une cinématographie. Et elle rapporte chaque année au Maroc des centaines de millions de dollars de recettes financières. Mais le plus important c'est le bénéfice accumulé pour l'image du Maroc à l'étranger, et ce gain est considérable. Je ne peux que me réjouir que nos voisins aient à ce point réussi, mais permettez-moi de me sentir frustré de ne pouvoir en faire plus avec les moyens de notre Algérie et furieux qu'on ne comprenne pas le rôle du cinéma aussi bien comme moteur du développement que comme source de rayonnement dans le monde. Nous avons les intelligences et le savoir-faire, nous avons des moyens financiers exceptionnels. Alors que manque-t-il ? La volonté politique est encore absente et, sans elle, nous sommes condamnés à devenir les derniers de la classe.
Quel est votre regard sur la production d'œuvres cette dernière décennie et sa place dans la programmation de l'ENTV ?
Des films continuent à exister grâce à la volonté de quelques personnes. Produire des films en Algérie, en dehors de toutes structures viables, relève du parcours du combattant et je salue le courage des professionnels qui continuent à le faire. Ils trouvent souvent l'aide de l'ENTV et c'est très bien, car il faut continuer à exprimer cette volonté qu'ont les Algériens et les Algériennes de s'exprimer par le cinéma, malgré tout. Mais cela ne fait pas une cinématographie. Comment expliquer que l'ENTV, qui se plaint d'être criblée de dettes, finance des films qu'elle ne diffuse même pas ? Au lieu de développer, comme ce fut le cas à l'époque de la RTA, une production de fiction propre ? En vérité, les cinéastes et avec eux le cinéma vivent sous le régime de la perfusion et des soins palliatifs. D'année de l'Algérie à année culturelle, en passant par des anniversaires, on consent des largesses avant de refermer la bourse, laissant les producteurs la main tendue.
Vous avez été chargé dernièrement de concevoir un chantier de régénérescence du cinéma national. Le chef du gouvernement Ouyahia y a mis sa chape. Voulez-vous nous dire pourquoi ?
En réalité, seule la relance d'un véritable circuit d'exploitation capable de générer des richesses pour le cinéma est en mesure de créer les conditions d'une cinématographie capable de vivre de ses ressources propres. Or nous avons encore plus de deux cents salles fermées et équipées d'appareil de projection. Elles ont besoin d'un plan de rénovation pour redevenir opérationnelles. Avec 250 salles en fonctionnement, le fonds d'aide à la production devrait générer des recettes fiscales capables de soutenir 10 longs métrages par an. Nous avons aujourd'hui les distributeurs compétents qui nous manquaient, il leur faut des salles qui une fois rénovées devront aller à des jeunes propriétaires avec des cahiers des charges précis. Il est bon de préciser que 250 salles emploieront plus de 2000 personnes sur l'ensemble du territoire. Une fois la pompe amorcée, des multiplex pourront être construits (grâce à des incitations fiscales volontaristes) et la reconstitution des métiers renforcée. On peut envisager la création alors de plus de 3000 autres emplois. On cite beaucoup d'exemples de pays où les salles ferment, mais en Egypte, plus de 100 salles, le plus souvent des multiplex, ont ouvert ces dernières années. Quant à l'Europe, jamais elle n'a connu autant de fréquentation cinématographique dans un réseau de salles en pleine expansion. Il suffit de faire le choix entre stratégie de développement et stagnation. La relance du cinéma fait partie d'un ensemble plus large qui ne peut être réglé que par la volonté politique. La réforme du système bancaire en fait partie. Il semble que certains politiques décideurs et financiers ont, pendant des années, décidé de geler cette relance du cinéma et la modernisation de l'économie. Il apparaît clairement qu'une nouvelle dynamique s'est installée aujourd'hui, qui encourage les investissements et les réformes. L'esprit et la volonté ont changé et je reste optimiste pour le proche avenir.


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