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Une ville, une histoire
A la recherche du crocodile (5e partie)
Publié dans Info Soir le 16 - 12 - 2004

Résumé de la 4e partie L'idée qu'un saurien, de l'époque préhistorique, ait survécu dans le désert, paraît invraisemblable. On pense qu?il a été introduit au Tassili, à l?époque romaine.
1909. A Fort Polignac (Illizi), le capitaine français Niéger a entendu parler du crocodile du Tassili et lui aussi veut en voir un. On en a tellement parlé ! L'Allemand Erwin von Bary, lui, en a vu, des crocodiles, il les a décrits dans l'ouvrage qu'il a publié, il y a une dizaine d'années. Des Français ont essayé de les approcher, en vain. Il y pense quand un Touareg demande de le voir. L'homme en question n'est pas n'importe qui puisqu'il s'agit de Khaoudi Ag Ahmed, chef des Kel eherir Khaoudi est accompagné de ses esclaves. L'un d'eux porte un fardeau sur l'épaule.
? J'ai quelque chose qui va t'intéresser, dit-il à l'officier.
? De quoi s'agit-il ? demande-t-il.
Le chef touareg fait signe à l'esclave qui dépose son fardeau sur le soI.
? Montre au capitaine ce que nous lui apportons ! dit-il.
L?esclave découvre l'objet et le capitaine pousse un cri de surprise. L'objet en question est un crocodile ou plutôt un cadavre de crocodile !
? D'où tiens-tu cette bête ? demande-t-il au Touareg.
? Je l'ai tuée, moi-même, dit-il fièrement avec mon fusil.
ll retourne la bête du pied, montrant sur le côté une plaie, une plaie causée effectivement par une arme à feu. On est loin des dimensions du saurien décrit par von Bary mais il s'agit bien d'un crocodile et non, comme certains l'ont soutenu, d'un gros lézard. La bête mesure environ 1, 10 m de long. Khoudi Ag Ahmed lui confie la dépouille. Sans tarder, le capitaine prend l'animal en photo, puis il envoie un télégramme au gouverneur général de l'Algérie, à Alger. «Avons trouvé crocodile du Sahara, prière envoyer équipe pour l'étudier».
Les autorités françaises réagissent par la dérision : on ressort encore cette farce du crocodile du Sahara ! C'est décidément un canular qui n?a que trop duré ! Comme le capitaine Niéger insiste pour qu'on vienne voir «son» crocodile, Alger envoie une réponse aux forces armées du Territoire des Oasis.
«Si capitaine Niéger fatigué, prière lui accorder permission longue détente».
Autrement dit, le capitaine n'a pas toute sa tête : on veut bien croire qu'il n'a pas perdu la raison mais qu'il est seulement fatigué... L'officier est bien sûr ulcéré par cette réponse mais il ne se décourage pas. ll insiste et on l'autorise à envoyer son crocodile à Alger. Entre-temps, il a fait sécher la bête et il le fait examiner par le professeur Chudeau. Celui-ci, intrigué par la trouvaille, l'envoie au Muséum d'histoire naturelle de Paris, où des savants vont l'étudier. En 1913, le professeur l. Pellegrin va identifier l'espèce à laquelle il appartient mais l'idée qu'un saurien, de l'époque préhistorique, ait survécu dans le désert, paraît invraisemblable. Le saurien, explique le professeur, a dû être introduit au Tassili, à l'époque romaine.
Aujourd'hui, le crocodile tué par le chef Khaoudi Ag Ahmed a disparu. On ne sait pas ce qu'il est devenu. (à suivre...)


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