Situation Depuis le début de la seconde Intifada, les conditions de vie se sont considérablement dégradées sur le territoire palestinien. Raids aériens, incursions de chars et de bulldozers, humiliations? forment le quotidien d'une population qui s?apprête à élire son président. La bande de Gaza est une prison à ciel ouvert. Cernés par un mur de béton ou par des barbelés, gardés par des soldats postés dans des miradors ou dans des chars prêts au combat, survolés par des hélicoptères Apache, des drones et des chasseurs F 16, les 1,4 million d'habitants du territoire voient chaque jour leur liberté de mouvement se restreindre. Au nord, le poste-frontière d'Erez où, chaque matin, transitaient, naguère, 11 000 ouvriers palestiniens en direction de Tel-Aviv et de ses environs, est pratiquement fermé. Quelques centaines seulement de travailleurs triés sur le volet franchissent encore ce poste de douane, après de longues heures d'attente et de fouille au corps. Les cancéreux, nécessitant un traitement chimiothérapique, peuvent également obtenir, par dérogation, un droit de passage qui reste toutefois toujours soumis, en dernier ressort, au bon plaisir des militaires en faction. Enfin, toutes les liaisons avec l'autre partie de la Palestine, c'est-à-dire la Cisjordanie, ont, elles aussi, été suspendues. A l'extrême sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne, un autre point de passage permet, en théorie, de gagner les pays arabes et le reste du monde. Mais, là aussi, le transit est soumis à des règles strictes. Seuls les Palestiniens âgés de plus de 35 ans ont le droit de quitter le territoire. En théorie. Car pour décourager les allées et venues et par mesure de sécurité, ce poste-frontière est régulièrement fermé sans explication. En fait, les habitants de Gaza, vaste bidonville poussiéreux aux immeubles de parpaings gris, vivent à huis clos, repliés sur eux-mêmes, comme dans un ghetto. A l'intérieur du territoire d?une superficie de 363 km2, la densité de population est l'une des plus élevées du monde. Les conditions de déplacement et de circulation sont également très difficiles : un checkpoint israélien divise la bande de Gaza en deux. Coupant le Nord du Sud, il fonctionne à la manière d'un pont-levis. Systématiquement relevé pendant la nuit, il bloque aussi plusieurs heures par jour l'unique axe de circulation nord-sud. Et ce de façon imprévisible, une, deux, quatre ou dix heures durant. La traversée de la bande de Gaza, longue de 40 kilomètres seulement et large de 10, peut se transformer en véritable odyssée. Des étudiants ou des malades se retrouvent ainsi dans l'impossibilité d'atteindre l'université ou l'hôpital, et des familles de Rafah ou de Khan Younès (villes du Sud) désirant aller à la plage (située au nord) renoncent souvent à leur projet, par peur de trouver le pont-levis levé sur le chemin du retour.