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«Le couteau fait la loi»
Publié dans Info Soir le 23 - 01 - 2005

Caractéristiques A Boumaza, un seul mot d?ordre : violence au quotidien. Le calme est un luxe dans ce quartier populaire où les habitants, il faut le dire, sont originaires d?un peu partout de la banlieue algéroise.
«Ici, on vous "pique" pour un rien du tout», c?est l?expression qui est sur toutes les lèvres à Boumaza, un quartier de plus de 20 000 habitants, situé à la sortie est de Bachedjarah. «Tout le monde ici a un couteau, c?est une tradition», dit Samir, 18 ans, qui exhibe fièrement son cran d?arrêt.
Selon plusieurs témoignages, il ne se passe pas un jour sans qu?on agresse un passant avec une arme blanche pour lui voler son portable, son sac à main. Chaque soir aussi, une bagarre éclate entre les dealers pour un problème d?argent ou une histoire de femmes. «Je n?arrive pas à comprendre, ces jeunes passent toute leur journée à courir derrière les filles, mais c?est une ligne rouge que franchirait celui qui aborderait une fille de leur quartier. Quiconque oserait s?y risquer, court un danger de mort», déclare un jeune du quartier.
A Boumaza, tout le monde se connaît et les plus méchants sont les plus respectés. «Ils sont un exemple pour les enfants du quartier, être bien instruit et bien éduqué n?est plus une valeur ici. Les jeunes ne pensent qu?à la façon de gagner suffisamment d?argent, et de se faire une situation. Ils croient que tout s?achète, les enfants du quartier n?ont plus de repères», ajoute notre interlocuteur.
Pour vérifier ses dires, un tour du côté du CEM du coin s?impose. Là, les élèves ont, en effet, une façon bien curieuse de concevoir la vie.
«Moi j?arrêterai en 9e AF, un niveau qui me permettra de faire un stage de mécanicien et intégrer le monde du travail pour aider ma famille. Et puis je suis nul et je serai certainement exclu cette année», dit un élève de 9e AF.
Son camarade enchaîne : «SVP, dites-moi ce qu?ils ont de plus ceux qui ont fait des études supérieures, rien, ils perdent leur temps à vouloir changer les mentalités, moi tout ce qui m?intéresse, c?est de m?acheter une voiture et passer du bon temps avec les filles.» L?un comme l?autre fument depuis un certain temps pour imiter les «boss» du quartier, «nos vrais héros, car ils ne vous abandonnent pas en cas de bagarre avec les habitants d?un autre quartier».
Il y a quelques semaines, une rixe a éclaté entre les jeunes de ce quartier et ceux d?un quartier voisin «des couteaux, des sabres et des pierres ont été utilisés. À l?origine de cette querelle, un malentendu sur une place au marché de la ville, c?est bête ...», raconte un jeune receveur de bus. «Celui qui veut avoir une idée sur la mentalité des habitants de Bachedjarah doit se rendre tout d?abord dans ce quartier», conclut-il.


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