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Une ville, une histoire
La malédiction (6e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 26 - 06 - 2005

Résumé de la 5e partie Fatima et ses fils vont enfin connaître la vérité sur la malédiction qui effraie tant Mustapha.
C?est après le dîner, alors que tout le monde est présent, que Zoulikha, la s?ur de Mustapha, prend la parole.
? La malédiction frappe notre famille depuis trois générations, mais comme l?a dit Mustapha, elle va s?arrêter à lui? L?aveugle avait dit : «Vous mourrez, ainsi que vos enfants mâles et les enfants de vos enfants, à l?âge où je meurs !»
Ni Fatima ni ses fils ne comprennent de quoi il s?agit.
? De quel aveugle parles-tu ?
? De celui qui a proféré la malédiction !
? Nous ne savons toujours pas à propos de quoi a été prononcée cette malédiction !
? Je crois que Zoulikha est trop perturbée pour faire un récit cohérent, dit Mustapha, je vais raconter moi-même l?histoire.
Il s?éclaircit la voix et raconte :
? Cela s?est passé lorsque mon grand-père avait une quinzaine d?années. Avec deux jeunes vauriens, il faisait des bêtises, chapardait dans les jardins, mais rien de bien grave? Jusqu?au jour où ils se sont emparés de la chèvre d?un aveugle. C?était le seul bien qu?il possédait et il l?emmenait paître chaque jour. Quand elle mettait bas, sa femme élevait le cabri, puis le vendait. Ils avaient aussi du lait. Mon grand-père et ses deux compagnons ont égorgé la chèvre, ils en ont fait rôtir une partie et l?ont mangée, quant au reste ils l?ont jeté aux chiens? En apprenant ce qui s?était passé, l?aveugle a été si choqué qu?il en est tombé malade. Son état n?a cessé de se dégrader et, bientôt, à l?article de la mort, juste avant d?agoniser, il a proféré cette malédiction : «Que ceux qui ont fait cela meurent à l?âge où je meurs, que leurs enfants mâles et les enfants mâles de leurs enfants meurent aussi à cet âge !» Et il a rendu l?âme? Tout s?est passé comme il l?a dit : mon grand-père est mort à soixante ans, puis ses deux fils, mon père et mon oncle Chaâbane. Pour l?oncle, la malédiction est close puisqu?il n?a eu que des filles, mais pour moi, elle continue? Les anciens camarades de mon grand-père ont connu le même sort que lui. Ils sont morts ainsi que leurs enfants et leurs petits-enfants mâles. Voilà toute l?histoire, à mon tour de payer la faute de mon aïeul !
Mustapha se tait. Fatima est émue mais le fils aîné, Larbi, s?écrie ;
? C?est ça qui te fait peur ? C?est insensé !
? Et tous ces morts ? demande Mustapha. Tous ces hommes morts à soixante ans ? Ce ne sont que des coïncidences? Beaucoup de gens meurent à cet âge ! Voyons, père, je te croyais plus raisonnable que cela !
Les autres fils, Boualem et Hakim, grondent leur père :
? Oublie cette pénible histoire ! A soixante ans, on a encore toute la vie devant soi !
Cela secoue un peu Mustapha, mais ne lui fait pas oublier la terrible histoire de la malédiction.
A deux jours de la date fatidique, lui qui a été rarement malade se met au lit et refuse de se lever. Le jour même de son anniversaire, il meurt.
? Crise cardiaque, dit le médecin.
? La malédiction ! s?écrie sa s?ur Zoulikha.
? Il s?est mis dans l?idée qu?il va mourir, et il est mort ! dit Larbi.


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