Corvée n Durant la période coloniale, le curage des égouts était une tâche réservée aux condamnés, aujourd?hui, elle est assurée par des employés municipaux méritants. La capitale dispose d?environ 100 km d?égouts souterrains, dont plus de 80 remontent à l?époque coloniale. Sur toute la longueur de ce réseau, les cureurs ont la tâche de curer les égouts et les rigoles, d?enlever les ordures et les couches de boue qui s?y sont déposées. Un travail qui paraît simple à première vue, mais qui en réalité est fort pénible. «Sous le régime colonial, le métier de cureur d?égouts était réservé aux condamnés, il s?agissait donc de travailleurs forcés. Plus tard, quand le pays a recouvré son indépendance, une partie des citoyens a volontairement participé à ce dur travail», raconte Mohamed, 68 ans, qui se souvient : «Avant l?Indépendance, les cureurs d?égouts ne touchaient que deux francs par jour, juste de quoi se permettre deux baguettes de pain.» Aujourd?hui, Kader, 39 ans, un cureur d?égouts doit faire le même travail tout aussi difficile. Selon lui, au fond de l?égout, l?air est si étouffant qu?il faut beaucoup d?énergie pour pouvoir mener à bien son travail. «Dans des tronçons d?égouts dont le diamètre ne dépasse pas les 60 cm, on doit marcher à quatre pattes pour enlever la boue, seau après seau. Quand le diamètre de l?égout est de 100 cm, l?eau résiduelle monte jusqu?à la ceinture. Chaque fois que l?on courbe le dos pour prendre de la boue à la pelle, on risque d?immerger le visage !» explique-t-il. Si les balayeurs d?ordures travaillent la nuit, les cureurs d?égouts doivent travailler le jour, même pendant l?été, où la chaleur est étouffante. «C?est vraiment pénible de retirer des seaux de boue, un à un. Mais ce qui est dangereux, c?est l?eau résiduelle provenant des hôpitaux, des usines? Il y a des cas où l?ouvrier, à peine descendu dans un tronçon d?égout à proximité d?une usine de produits pharmaceutique, est rejoint par une arrivée déferlante d?eaux usées, il risque alors d?être étouffé par l?odeur d?alcool et la chaleur», ajoute Kader.