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Une ville, une histoire
Rabéa
Publié dans Info Soir le 21 - 09 - 2003

Mystère Personne à Médéa n?était capable de mettre un nom sur son visage ni même un âge. On avait fini, avec le temps, par l?appeler Rabéa.
En fait, on ne savait rien d?elle ni qui elle était ni d?où elle venait. Certains villageois, toujours prêts à tirer sur tout ce qui bouge et même sur leur propre ombre si c?est nécessaire, prétendent qu?elle a été volontairement lâchée dans la nature par les services de l?hôpital psychiatrique de Joinville qui voulaient se débarrasser d?une pensionnaire encombrante, d?autres assurent qu?à cause de sa déficience mentale, elle a été abandonnée à l?entrée du bourg par sa famille pour que l?on perde totalement sa trace.
Sale, déguenillée, les pieds souvent nus, elle déambulait du matin au soir à travers les rues, fouillant les poubelles, ramassant les déchets, n?ayant peur ni des excréments ni des immondices. Rien ne la repoussait. Rien ne la décourageait. Pas plus les insultes des garnements que les sobriquets des adultes. Souvent, pour amuser la galerie, quelques chenapans lui jetaient des pierres et proféraient à son encontre des mots obscènes. Comme une pestiférée. Puis, avec le temps, on a fini presque par l?oublier. Elle faisait partie désormais du décor et des repères de la cité.
De plus en plus sale, de plus en plus boulotte et grassouillette, le visage bouffi par les rigueurs de l?hiver et les morsures de l?été, Rabéa, reniée par son espèce, n?aura d?autre alternative pour survivre que de se rabattre sur les chiens.
Griffes contre crocs, elle disputera souvent, avec les plus enragés d?entre eux, la maigre pitance que des riverains leur jettent.
Quelques-uns l?adopteront comme l?une des leurs, d?autres la craindront.
Pour beaucoup de chiens errants et sans laisse, elle était devenue le maître, le chef de meute. Et partout où elle passait, la meute la suivait. Là où elle s?asseyait, la meute s?accroupissait. Elle n?avait pas besoin d?élever la voix pour se faire comprendre ou se faire entendre.
La meute obéissait comme un seul chiot, au doigt et à l??il.
Et elle le leur rendait bien. Toutes les nourritures chipées aux poubelles étaient équitablement distribuées, aux uns les petits «nonos», aux autres les grands «nonos»?
Et le soir, quand la grande nuit qui marche étreint les sommets du Titteri, Rabéa s?affale sur le sol rêche pour dormir de tout son saoul au milieu de ses chiens.
Le spectacle insolite de cette robuste bergère, chaperonnant un troupeau canin et tellement lié l?un à l?autre, n?étonne que les rares voyageurs surpris par le crépuscule. Un matin d?hiver où il avait abondamment neigé, à l?heure où le boulanger transi de froid et à moitié endormi s?apprêtait à chauffer ses fours, un agent communal découvrit terrifié l?incroyable veillée funèbre. Rabéa, le corps inerte, étendu sur la neige, les yeux grands ouverts, un mince sourire aux commissures des lèvres et tout autour d?elle formant un cercle, ses chiens hurlaient à la mort comme pour prévenir de son décès.
Un petit labrador, pensant que sa maîtresse était gelée, s?est mis à lui lécher la plante des pieds, puis les mains et les avant-bras et enfin le visage.
Mais Rabéa était bel et bien morte. Elle repose aujourd?hui à l?écart dans une tombe anonyme, aussi anonyme que sa vie. Sans nom, sans âge, sans aucune autre indication.
La meute s?est dispersée et on raconte aujourd?hui que des chiens, venus d?ailleurs, se regroupent régulièrement devant les grilles fermées du cimetière, tournent en rond, se frottent au barreaudage et disparaissent aussi étrangement qu?ils avaient paru...


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