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Histoires vraies
La ferme du silence (1re partie)
Publié dans Info Soir le 01 - 10 - 2003

Toutes les fermes et toutes les campagnes du monde ne se ressemblent pas. Selon qu?on y cultive le blé ou la betterave, la tulipe ou le riz, le soja ou la pomme de terre. Mais les cultivateurs, eux se ressemblent. Car la terre est la même et leur amour de cette terre est le même. C?est plus qu?un amour, d?ailleurs, c?est une dépendance, un besoin, un orgueil. La terre est la vie même et elle peut parfois mener loin celui qui la possède.
Ce préambule c?est pour affirmer que les drames paysans sont bien particuliers et que l?univers paysan du crime a son propre climat. Parfois insupportable aux gens de la ville, et parfois, aussi, totalement incompréhensible.
Il règne ce soir-là, en 1947, dans cette ferme flamande, un climat bizarre. La femme a soixante-douze ans. C?est la mère. Soixante-douze ans d?obéissance à tout. Au mari, à la ferme, aux enfants, à l?été comme à l?hiver. Les rides qui creusent son visage l?ont rendue triste comme si elle n?avait jamais été gaie de sa vie, ou heureuse de vivre. Elle a les mains épaisses et dures, croisées sur ses genoux, le front baissé, elle attend. Le gendarme qui vient d?interroger ses fils la connaît depuis des années.
«Alors ? Le père a disparu comme ça ? Il n?a rien dit ?»
Elle répond sans lever la tête.
«Il n?a rien dit.
? Il n?a même pas dit s?il allait en ville ?
? Il ne l?a pas dit.»
Marie Baneke, l?épouse de Johan qui a disparu depuis quinze jours, se lève lourdement pour aller déplacer une marmite de soupe. Sans plus se préoccuper du gendarme, et sans même se retourner, elle dit à ses fils :
«Va falloir manger.»
Pierre et Louis se dandinent un peu devant le gendarme. L?aîné, Pierre, quarante-trois ans, ressemble à sa mère. Les mêmes traits épais, les mêmes plis qui descendent de chaque côté de la bouche, comme deux mornes parenthèses. Louis ressemble à son père, il est beaucoup plus jeune, trente et un an. Tout est carré chez lui : front, nez, menton. On le dirait taillé dans un morceau de bois, sans douceur, sans polissage. Un visage à l?état brut.
Pierre, l?aîné, s?adresse au gendarme, avec effort : «Vous ne boirez pas un verre de vin ?»
Le gendarme refuse, mais s?assoit devant la table où la mère dispose les assiettes et le pain. Il a l?air perplexe.
«Enfin tout de même? On ne disparaît pas comme ça ! Il a dû en parler, dire quelque chose. Et vous auriez pu vous inquiéter plus tôt?»
La mère pose la soupière sur la table, et toujours sans regarder le gendarme, lui répond brusquement :
«Il avait l?argent de la récolte. Y avait pas à s?inquiéter pour lui. C?est pas la première fois qu?il court en ville.»
C?est la phrase la plus longue qu?elle ait prononcée depuis une heure que le gendarme les interroge, ses fils et elle. A présent, elle s?assoit, verse la soupe et s?adresse à Louis d?un geste de la tête et en deux mots :
«Ta femme?». Cela veut dire que Louis doit aller chercher Elise, son épouse.


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