Challenge A l?orée d?un IIIe millénaire implacable pour les pays faibles, on peut affirmer sans se tromper que le livre de Tahar Kaci Réflexions sur le système éducatif (*) arrive à point nommé pour éclairer l?opinion publique sur les défis que doit relever l?école algérienne. La déferlante de la mondialisation impose aux pays qu?elle touche ? inexorablement ? un cahier des charges des plus contraignants. Y sont consignés tous les aspects de la vie nationale, l?économie, le commerce?, mais aussi et surtout l?école. Ce sont les prestations de cette dernière qui, en définitive, sont l?indicateur le plus viable d?une intégration/adaptation réussie ou non. Des comportements et des attitudes sont nécessaires et indispensables pour affronter la concurrence mondiale et s?insérer ? sans vendre son âme ? dans le concert des nations. C?est sur les bancs de l?école primaire d?abord que se façonne et se construit le profil de cet Algérien éligible à la citoyenneté mondiale. Les cycles supérieurs et l?université affineront et renforceront ce profil. L?école, plus particulièrement l?espace «classe» peut être considéré à juste titre comme étant l?atelier national par excellence. Beaucoup plus rentable que l?usine, le laboratoire, dans la mesure où c?est l?endroit privilégié qui forme l?homme de demain, le citoyen. L?école dispense cette formation de l?esprit et du caractère qui assure l?ouverture sur les autres cultures et les langues étrangères, cette aptitude à opérer les transferts de technologie et à créer, innover. Autant de traits de la personnalité qui ne se bonifient et n?explosent (dans le bon sens) sans une prise en charge appropriée dès la première année de la scolarité. Et c?est de la sorte que se manifeste au grand jour toute la mission de l?école, qu?elle soit algérienne, chinoise ou autre : éduquer certes, mais aussi former et instruire. A ce jour, les écrits, les débats et les controverses sur le rendement de l?école algérienne se sont contentés de tourner autour des résultats aux différents examens nationaux.Tahar Kaci est allé plus en profondeur dans l?analyse du marasme qui caractérise l?école algérienne. Il s?est forcé d?observer et d?analyser la problématique d?ensemble à partir du bureau du maître et de la table de l?écolier. Un poste d?observation à la qualité indéniable. Il permet de démonter les ressorts de la relation de base, celle qui matérialise au quotidien la politique éducative et la stratégie pédagogique mises en ?uvre par les décideurs. Ici, pour nos lecteurs, outre l?interview de l?auteur, quelques points saillants de son livre. (*) L?auteur a dédié son ouvrage à «celles et ceux qui ont fait du métier d?enseignant leur vocation». Une dédicace que Mouloud Feraoun appréciera du coin de paradis où il se trouve sûrement. C?est lui qui aimait dire : «Etre instituteur, c?est faire le plus beau métier du monde.»