La notion de jeunesse accumule une riche histoire d'usages, d'interprétations et de réglementations aussi différentes que peuvent l'être les contextes socioculturels, explique Kamel Rarrbo, sociologue et chargé de recherche à l'association Resscom. Selon lui, la jeunesse est un phénomène contemporain dans la société algérienne où «les anciens rites ont été remplacés par de nouveaux que l'Etat moderne a institués et a imposés». On ne peut parler de jeunesse, précise-t-il, qu'en introduisant «l'urbanité et l'élargissement de la scolarisation comme vecteur constituant et reproducteur de ce nouvel âge social de la vie». Dépendance, attente, apprentissage, découverte de la société locale ou mondiale et de l'amour sont les principales caractéristiques de cette nouvelle génération. «Les différenciations sociales, sexuelles et spatiales (urbaines ou rurales) s'inscrivent pleinement dans les pratiques, conduites et représentations juvéniles», ajoute-t-il. En conclusion, notre sociologue affirme que ce sont surtout les jeunes des couches sociales défavorisées qui vivent la galère, synonyme de sélection scolaire, d'accès à un emploi devenu presque impossible, de conditions de vie déplorables… A ce propos, il est établi, insiste notre sociologue, que la marginalisation des jeunes filles, notamment déscolarisées, de la vie sociale contribue, en partie, à renforcer chez elles les liens familiaux et à exacerber leur identification et socialisation. Un état de fait qui explique aussi le désarroi et l'angoisse des jeunes face à un avenir incertain et l'absence d'idéal individuel ou collectif, ajoute M. Rarrbo. Cette marginalisation a développé aussi une certaine «culture de la révolte» et un attrait de plus en plus visible pour les valeurs du «business» et de l'enrichissement rapide, conclut-il.
