Le phénomène de l'avortement en Algérie ne semble pas soulever un grand intérêt de la société civile, ni des pouvoirs publics ni des médias. Seuls quelques professionnels de la santé et les services de la gendarmerie nationale, confrontés, régulièrement, dans leurs activités professionnelles à la réalité du terrain, disposent de certaines données liées à cette problématique. Pourtant, les faits de ce geste et ses conséquences sont réelles, les statistiques relevées dans les rares publications sur ce thème le prouvent. Mais un déni entoure cette pratique sévèrement réprimée par la loi. Dans notre société, «tout ce qui touche à la sexualité détachée de la procréation relève du monde opaque du non-dit, y compris chez les juristes», souligne dans ce contexte Amar Gusemi, docteur d'etat à l'université de Paris. Une timide prise de conscience de la réalité semble, néanmoins, se faire jour, notamment de la part du mouvement associatif, à l'image de l'Association algérienne de planification familiale (Aapf) ayant organisé, il y a quelque temps, une journée sur l'avortement dans tous ses aspects. Cette rencontre avait pour objectif de donner un peu plus de visibilité à ce phénomène qui demeure sur la liste des questions taboues.