Affluence Une longue file nous accueille dès l?entrée de cette APC d?Alger. Deux employés seulement s?occupent de toutes ces personnes qui sollicitent une légalisation de documents derrière un guichet qui en compte cinq d?habitude. Devant chacun des deux comptoirs réservés à l?état civil, les citoyens ont affaire, là aussi, à deux préposés. Plusieurs chaises sont vides, des feuilles de papier et de carbone traînent derrière les comptoirs. Le service est vraiment réduit et promet de l?être encore plus à mesure que le temps passe et que l?on approche de l?heure de sortie. Il est 12h40 et il n?y a plus un seul élément féminin, hormis cette femme assise les bras croisés à côté de son collègue qu?elle regarde travailler comme pour le soutenir moralement. Elle semble se dire qu?il n?y a pas de raison pour qu?elle continue à faire son travail alors que ses collègues de la gent féminine sont déjà dans leur cuisine. Elle paraît avoir cessé d?être une employée dès le moment convenu pour son départ chez elle, même si elle est encore sur son lieu de travail. Plus rien ne la concerne avant la journée suivante. Dans un petit bureau, un préposé psalmodie le Coran. Il le range le temps de remplir une fiche puis reprend sa lecture d?une voix qui devient audible. A côté de lui, son collègue regarde dans le vide avant d?en être arraché pour apposer un cachet sur des fiches de l?état civil. Le bruit à répétition est assourdissant, de quoi réveiller non seulement celui qui le provoque, mais toute l?assistance alentour. Mais il replonge dans sa méditation dès que personne ne le sollicite. En attendant d?autres frappes énergiques qui le ramèneront à la réalité. Devant l?entrée, la file n?a pas diminué. Au contraire, elle ne cesse de grossir, les deux agents présents ne pouvant apparemment pas accomplir une tâche qui revient d?habitude au triple de ce nombre. Jusqu?ici, les citoyens présents semblent prendre leur mal en patience.