Le dossier des disparus refait surface. Hier, au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), lors d'une rencontre avec la presse, plusieurs avocats ont eu à s'exprimer sur ce sujet. Le dossier est considéré par les animateurs de la rencontre comme étant le dernier «dossier épineux» auquel il faut trouver une solution adéquate. Ainsi, pour Me Chaba de la Laddh, «ce qui est grave, c'est que le dossier a trait à la crédibilité et à l'intégrité morale de l'Etat, et chercher à falsifier les choses ne sert à rien». Pour lui, il faut «un traitement clair et adéquat de ce dossier très lourd». L'orateur a évoqué l'instauration de l'état d'urgence qui «permettait aux services de sécurité d'arrêter des personnes sans mandat judiciaire», avant de revenir sur l'avènement de la Constitution de 1996 qui avait consigné la majorité des principes de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Une Constitution parmi les plus démocratiques au monde «mais qui doit voir une application sur le terrain». Côté chiffres, les avocats estiment que le nombre des disparus peut atteindre les 20 000. «Jusqu'à l'année 1999, nous avons recensé quelque 4 000 dossiers, et depuis quelque 1 000 autres ont été enregistrés», dira Me Hadj Smaïl, en charge du dossier des disparus à la Laddh, précisant que chaque famille a droit à une indemnisation matérielle et morale. Pour lui, «l'Etat doit fournir tous les détails sur les personnes disparues, leur nombre, et ce, pour en finir avec ce dossier épineux». Pour sa part, Me Hadj Smaïl a affirmé que «les autorités doivent dire la vérité aux familles des victimes et au peuple». En exhibant quelques documents, il dira que la Ligue détient un certain nombre de dossiers, mais pour avoir toutes les données sur ce sujet, «les services concernés doivent fournir des chiffres réels».