Le rideau est tombé hier au stade Ohene-Djan d'Accra sur la 26e édition de la Coupe d'Afrique des nations (CAN-2008) qu'a abritée le Ghana depuis le 20 janvier dernier avec la consécration pour la sixième fois dans son histoire, la seconde consécutive, de l'Egypte qui a pris le meilleur sur le Cameroun sur un petit but signé par sa vedette Aboutrika à l'heure du jeu, à la suite d'une erreur du capitaine des Lions indomptables Rigobert Song. Les Egyptiens avaient même anticipé en préparant à l'avance des maillots à l'effigie de leur sacre où l'on pouvait lire «African Champions 2008», le tout brodé de six étoiles, c'est dire la détermination de cette équipe qui n'avait que faire de toute superstition tellement elle dégageait de la force et de la motivation. Sur le terrain, elle a fait preuve d'une rigueur tactique et d'une organisation stratégique qui n'ont laissé aucune chance à tous ses adversaires durant ce rendez-vous ghanéen, peut-être le meilleur tournoi depuis la naissance de la CAN en 1957. Et Hassan Shehata, le sélectionneur des Pharaons, l'avait annoncé la veille de la finale : «Le Cameroun est une grande équipe, mais nous l'avons déjà battu dans ce tournoi et c'est un bon signe pour nous. Tous mes joueurs sont motivés et veulent garder le titre pour prouver qu'ils sont réellement les champions d'Afrique.» Comme quoi, quand on est convaincu de soi et de son travail, on peut se permettre ce genre de confession à la presse car hier les coéquipiers du capitaine Hosny Abd Rabou n'ont, à aucun moment, donné l'impression de douter ou de laisser leurs adversaires prendre le dessus. Batailleurs et aguerris, les Egyptiens sont formés à la bagarre ne concédant ni espace ni duel. Sans connaître de répit, les hommes de Shehata sont patients et acculent leurs adversaires qui, s'ils ne plient pas sous une pression constante, finissent par commettre l'erreur fatale. Celle du capitaine Rigobert Song qui a péché par orgueil en se laissant subtiliser le ballon par Zidan, l'un des rares joueurs évoluant en Europe, pour permettre au héros de tout un peuple, j'ai nommé Aboutrika, de crucifier du plat du pied le gardien Kameni. Ce but, le centième de cette CAN -2008, va sérieusement secouer les Lions indomptables qui vont mettre en valeur la qualité de la défense égyptienne et surtout celle de son gardien Hossam El-Hadary, considéré, à 37 ans, comme le meilleur gardien du continent. Le réveil camerounais est tardif, à l'image de cette tête de Song qui passe au-dessus de la transversale, et les Egyptiens tiennent fermement à leur sixième titre qui leur permet de prendre le large sur leurs poursuivants immédiats (le Cameroun et le Ghana comptent quatre trophées chacun). Nettement supérieurs et dominateurs tout le long de la compétition, sans avoir les faveurs des pronostiqueurs, les Egyptiens ont donné une leçon à tout le monde, notamment à un football algérien moribond dont les internationaux préfèrent débattre, dans un hôtel parisien, de leurs primes de qualification avant même le début des éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial-2010, au moment où d'autres mouillent le maillot pour leur nation démontrant tous les progrès faits par leur football. Et l'Egypte, déjà dominatrice au niveau du football continental des clubs où le Ahly et le Zamalek trustent tous les trophées, a prouvé qu'en faisant confiance à ses propres enfants et, à ses compétences, elle est capable de s'asseoir sur le toit de l'Afrique et pour longtemps. C'est tout simplement pharaonique !
