Expérience n Notre homme avait 9 000 DA d'économies. Ne sachant qu'en faire, il décide d'acheter alors une R8 Gordini. «J'avais 9 000 DA d'économies et je ne savais qu'en faire. Un jour, attablé dans un café en compagnie d'un ami, mon regard s'est porté sur une R8 Gordini garée de l'autre côté de la chaussée. Elle était dans un état lamentable et en la voyant elle me faisait vraiment de la peine. J'ai cherché son propriétaire et un commerçant du coin m'a expliqué que l'épave dort ici depuis 14 ans.» L'histoire de M. Aïssani débute dans ce café de Belouizdad. Pourtant avec sa petite liasse d'économie, il était loin de se douter qu'il allait devenir un jour collectionneur de vieilles voitures. «A force de chercher, j'ai fini par trouver le propriétaire du véhicule. Celui-ci voulait vraisemblablement s'en débarrasser et je lui ai alors proposé 7 000 DA. Mon vis-à-vis n'a manifesté aucune réticence et l'affaire a été vite conclue», raconte notre collectionneur. Mais à chaque jour suffit sa peine. Premier obstacle : les voisins. «J'ai vite regretté d'opter pour cette affaire. Les ennuis ont commencé d'abord avec le voisinage. Ils voyaient d'un mauvais œil un tas de ferraille occuper une place inutile dans le parking du quartier et qui risquait de devenir une source de tétanos pour les petits enfants.» Deuxième problème, chercher un garage pour les travaux de mécanique et de tôlerie : «Je ne pouvais me permettre la location d'un garage à 25 000 ou 30 000 DA mois» et enfin troisième problème, sa femme : «Elle estimait que je consacrais l'essentiel de mon temps à ce tas de ferraille et que j'ai carrément délaissé mes obligations familiales.» Les problèmes étant aplanis l'un après l'autre, notre homme commence, petit à petit, à aimer son nouveau métier de collectionneur. «Pour la retaper à neuf, il me fallait de la patience et du temps ce dont je manquais. Avec un ami mécanicien qui a accepté de garder le bolide dans son garage, j'ai remis le moteur en marche au prix de beaucoup de labeur. J'ai attaqué par la suite le salon et enfin la tôlerie et les pneus. Après tout ce que j'ai enduré, je ne vais pas la vendre pour tout l'or du monde», nous dira M. Aïssani, debout devant son petit bijou, beige métallisé, la carrosserie solide comme un roc et le design qui rappelle des temps immémoriaux. Cette Gordini-là, est sans doute l'une des grandes attractions de la deuxième édition du Rétro-mobile, qui s'est tenue récemment à la Safex, au grand bonheur des nostalgiques. Ravis à l'idée de voir dans le rétroviseur les voitures de papa et de grand-papa, une dizaine de visiteurs se sont agglutinés devant la voiture de M. Aïssani. Celle-ci comme la Ford des années d'Al capone et de la prohibition, portent en elles des empreintes indélébiles.