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Suspense
J'ai peur dans le noir (8e partie)
Publié dans Info Soir le 05 - 10 - 2008

Résumé de la 7e partie n En arrivant à l'auberge, Amelia se remémore avec nostalgie les souvenirs de son ambition passée qui était de devenir vétérinaire de tous les animaux...
Un bâtiment tout en longueur, comme le sont généralement les motels, flanqué de cages et d'enclos métalliques et d'une série de granges en bois accolées les unes aux autres. L'ensemble avait toutes les apparences d'un ranch classique et bien entretenu. A ceci près que c'était une auberge. Avec des zèbres.
Dans un pré, au-delà des granges, elle aperçut une girafe.
Elle n'était pas certaine de trouver tout cela très bien. Pourquoi ce zoo dans la prairie ? pourquoi retenir ici toutes ces bêtes sauvages plutôt que de les renvoyer en Afrique d'où la plupart d'entre elles étaient originaires ? Mais elle ne put s'empêcher de sourire à la vue de la girafe, et elle se demanda en garant sa voiture si elle ne risquait pas de se trouver nez à nez avec un lion en maraude.
Au premier abord, la ferme aurait pu passer pour la première des villes fantômes.
— Il n'y a personne à part nous, dit-elle à un superbe coq brun au plumage luisant qui marchait à ses côtés tandis qu'elle se dirigeait vers l'entrée. Serais-tu l'oiseau-sentinelle de cette maison ?
Comme on ne répondait pas à l'appel de la sonnette ni aux coups qu'elle frappait à la porte, elle obéit à l'écriteau qui lui disait : ENTREZ, et pénétra dans un living-room transformé en bureau de réception. Il y avait là deux tables devant des tableaux d'affichage. Les murs étaient couverts de photographies de gens posant avec des animaux, d'articles découpés dans des journaux et de jolies lettres dans lesquelles les enfants des écoles parlaient du plaisir que leur avait procuré leur visite.
Pour tuer le temps en attendant que quelqu'un se montre, Amelia parcourut la pièce en regardant toutes les photographies et en lisant tous les articles, avec l'impression de chercher le «vrai sujet» que Dan avait en tête en l'expédiant dans cet endroit. Les problèmes économiques des Etats de l'intérieur ? Le commerce des animaux exotiques ? Comment ces animaux étaient-ils arrivés jusqu'ici, d'ailleurs ? Etaient-ils bien traités ? Y en avait-il, parmi eux, appartenant à des espèces menacées de disparition et dont la possession était illégale ? Peut-être, au lieu de chercher du côté des villes fantômes, aurait-elle mieux fait de se documenter sur le trafic international des espèces protégées...
Amelia, depuis quelque temps, se disait de plus en plus fréquemment, avec un serrement de cœur, qu'elle n'était pas faite pour ce métier de journaliste. A vrai dire, elle ne trouvait pas agréable de soupçonner les gens, et ne se sentait pas l'âme fureteuse. Curieuse, oui, mais d'une curiosité courtoise et scientifique, et non fureteuse comme une commère-née. Ou encore, pensait-elle souvent avec une ironie désabusée, les journalistes. Plutôt que de les soupçonner systématiquement, elle préférait de beaucoup accorder à ses interlocuteurs le bénéfice du doute. (à suivre...)


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