Débat n La critique théâtrale en Algérie a fait, hier mercredi, l'objet d'une journée d'étude, au complexe culturel Laâdi-Flici, théâtre de verdure. C'est autour de la question «Le théâtre en Algérie a-t-il engendré une critique dramatique au sens plein du terme ?» que s'est articulée la journée d'étude organisée à l'initiative de l'établissement Arts et Culture. Parler de la critique dramatique, c'est d'emblée aborder le champ de la représentation théâtrale, c'est-à-dire s'interroger instantanément sur le fait théâtral en soi : y a-t-il un acte théâtral ? La critique d'art dramatique en Algérie est apparue dans les années 1920, à la naissance et à l'émergence du théâtre, et elle s'est développée avec l'évolution de celui-ci. Cette reconnaissance est due à la presse. L'apport considérable de la presse quant au développement de la critique d'art dramatique est en effet sensiblement perceptible. Hadj Meliani, universitaire à Mostaganem, dira que «la critique, aussi limitée soit-elle, a accompagné le théâtre algérien» qui, à l'époque, était naissant et en marche. Il cite, à titre d'exemple, des noms tels que Alloula, Bachtarzi, Abdelkader Hamou, Saâdeddine Bechneb…, qui ont prêté une attention particulière et approfondie à l'activité théâtrale. «Il y avait un accompagnement de cette émergence théâtrale à travers la critique», dira-t-il. Et d'ajouter : «Outre la fonction d'analyser le produit théâtral, cette critique pouvait également servir d'orientation politique, c'est-à-dire elle servait de moyen de parler, de dire les choses autrement, sans les dire frontalement.» La critique, au sens plus large du terme, est apparue il y a de cela fort longtemps. Elle a évolué avec le développement de l'art qui, lui, s'est élargi et diversifié. «On est passé de la critique du jugement, c'est-à-dire celle de porter une appréciation de goût sur le produit artistique, et qui partait des normes déjà établies, à une critique de l'analyse et de l'explication», a relevé Hadj Meliani. Et de poursuivre : «Plus tard, au 19e siècle, avec le développement de la presse, on assiste à la naissance de la critique journalistique.» Cette critique, inscrite dans un contexte et étroitement liée au marché de l'art, va jouer un rôle important dans le développement des arts. «La presse va faire et défaire des carrières, elle va construire des succès, de la même manière qu'elle va provoquer des échecs», a-t-il dit. Car la presse a un effet sur le public, elle l'influence dans ses choix et ses orientations. Elle dirige son goût sur tel ou tel produit artistique. La critique journalistique a ainsi créé des polémiques. Le théâtre se nourrit et se construit autour de la critique, puisqu'elle est là non seulement pour rendre compte d'une pièce théâtrale, mais aussi pour aider un mouvement théâtral. «La critique contribue à faire émerger et à justifier par de nouvelles théories de nouvelles formes d'expression théâtrale», a expliqué Hadj Meliani pour qui «la critique renouvelle l'écriture théâtrale». Cela signifie que la critique d'art dramatique constitue un apport considérable dans l'émergence et l'évolution d'un mouvement théâtral. l Hadj Meliani s'est interrogé sur la présence et le rôle de la critique journalistique dans les médias dits lourds, à savoir la télévision et la radio. Y a-t-il une critique dans les médias lourds ? Si dans la presse écrite la critique journalistique a accompagné les dramaturges dans leur travail de la représentation scénique, qu'en est-il de la télévision ? «L'image que véhicule la télévision a un effet pervers», dira-t-il. Car, selon l'intervenant, on ne peut dire, expliquer et commenter un produit théâtral et s'y étaler dans une durée de trois minutes. Il se trouve cependant qu'une fois qu'un artiste passe à la télévision, il finit tout de suite par devenir le centre d'intérêt du public. Il devient aussitôt célèbre. Ensuite, Hadj Meliani s'est interrogé sur le rôle de l'Internet. Ce réseau est-il bien outillé pour prendre en charge la critique d'art dramatique ? En effet, avec le développement des nouvelles technologies, «l'Internet pourra jouer un rôle d'information et d'orientation important dans l'émergence et l'évolution du fait théâtral», dira-t-il.