Le conflit à épisodes ayant opposé la Russie et l'Ukraine en raison de factures impayées que Moscou réclame à Kiev est réglé. Restent quelques détails que les deux parties essayent de dépasser. L'UE, une tierce partie, en tire les leçons et veut réduire sa dépendance du gaz russe, estimant que les perturbations dans les livraisons gazières lui ont été dommageables. Mais la Russie en est-elle réellement responsable ? Pas tout à fait, et les Européens le savent et le font signifier à l'Ukraine. Celle-ci porte une part de responsabilité dans le conflit car elle a tardé à payer la Russie pour le gaz livré fin 2008 alors même qu'elle bénéficiait d'un tarif préférentiel très éloigné des prix payés par l'Europe. Les Européens devraient tenir aujourd'hui une réunion ministérielle extraordinaire sur la crise gazière centrée sur l'entraide énergétique. Les Européens estiment que, sans attendre cette réunion ministérielle, les gestes d'entraide se sont «multipliés» depuis jeudi dernier pour venir à la rescousse des pays les plus fragilisés par l'arrêt brutal des livraisons (Bulgarie, Slovaquie, Balkans). A Bruxelles, les ministres européens chargés de l'Energie examinent des possibilités d'investissements dans les infrastructures et une diversification de leurs fournisseurs pour réduire la dépendance de l'UE envers le gaz russe qui compte pour 25% de la consommation européenne (80% transitant par des gazoducs ukrainiens), une proportion appelée à croître si rien n'est fait. Retour sur un conflit qui refait surface depuis 2006. En janvier 2006, le différend entre Russes et Ukrainiens avait affecté 10% de l'approvisionnement extérieur de l'UE durant 36 heures. C'était une situation qui avait poussé les Européens à se doter d'une politique commune énergétique. Est-ce possible ? L'UE peut espérer notamment augmenter ses importations de gaz depuis l'Algérie, développer le nucléaire ou s'unir autour du Nabucco, un gazoduc qui doit relier la mer Caspienne et l'Europe via la Turquie, mais dont l'approvisionnement n'est pas encore assuré. C'est une palette de choix. L'Algérie est fortement présente sur le marché de l'UE. Et elle est en mesure de relever ses capacités d'exportations vers le Vieux Continent, ainsi que le souligne le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Y. S.