La formation et le savoir-faire sont essentiels en toute chose. Dans n'importe quel domaine, il est quasiment impossible d'avancer sans compétence ni expérience sur le terrain. Quand on évoque la crise culturelle, on s'attarde souvent sur des considérations secondaires comme le l'insuffisance du soutien de l'Etat, l'absence de sponsors, le manque d'infrastructures ou simplement le désintérêt du public. Tous ces paramètres sont, bien entendu, à prendre en compte pour une réelle relance de la création artistique et de l'animation culturelle. Mais, à la base, bien avant de réunir tous ces moyens, on doit avoir, au préalable, une politique claire en la matière, des projets durables, des idées précises qui répondent à des besoins bien définis, et des acteurs prêts à mener cette entreprise à bien. Le facteur humain est, pour ainsi dire, déterminant. Aujourd'hui, on constate, qu'en dehors des grandes villes, le secteur de la culture est inexistant dans les faits. Aucune animation, des établissements cadenassés, indifférence totale des autorités locales et les rares passionnés sont laissés sur le bord, la culture au niveau des communes relève, à franchement parler, de la mythologie. Quand, exceptionnellement, une association lance une petite initiative, elle passe souvent inaperçue faute de communication adéquate, de maîtrise de l'organisation et d'expérience dans la gestion et la promotion de ce type d'événements. Pour réussir de tels paris, les acteurs associatifs et les promoteurs indépendants ont, à l'évidence, grandement besoin d'une solide initiation au management culturel. Le ciblage et la définition du projet, le montage financier et la maîtrise des coûts, l'encadrement de l'action projetée, la communication, la maîtrise des petits détails organisationnels et, en dernier, l'élaboration d'un bilan précis pour voir ce qui n'a pas marché et pouvoir se corriger à la prochaine étape. Pour accéder à toutes ces connaissances, le mouvement associatif, qui passe aujourd'hui pour le principal faiseur d'activités, a intérêt à se frotter à des organisations chevronnées dans le domaine. Il ne suffit pas d'organiser des séminaires pour inculquer ce savoir-faire. Il faut, surtout, se mettre à l'épreuve à travers la création de partenariats et le lancement de projets communs. Rien ne remplace l'apprentissage réel des techniques et des méthodes du management culturel. Ce volet de la valorisation humaine concerne également les créateurs et les artistes. Les écoles et les instituts d'arts en Algérie se comptent sur les doigts d'une seule main. Nos artistes s'expatrient pour perfectionner leur talent et se former. Se payer une formation de qualité à l'étranger n'est pas à la portée de tout le monde. Pour le dire autrement, on a des roses, mais il n'y a pas de jardinier pour les entretenir. Avant de subventionner du spectacle, l'autorité de tutelle ferait mieux d'offrir, d'abord, une bonne formation dans différentes disciplines. Cela participe à la relance de la recherche et à l'encouragement de la création. Etape indispensable pour passer à la production, la promotion et l'animation. Les communes et les autorités locales, aujourd'hui totalement effacées dans ce domaine, doivent aussi apporter leur pierre à l'édifice. Les structures en leur possession (centre culturel, bibliothèque, cinéma...) doivent être impérativement rouvertes ou, à défaut, systématiquement versées à une autre autorité qui a des projets dans ce sens. Au point où on en est, un maire peut aisément mettre la clef d'un centre culturel dans sa poche, sans avoir de comptes à rendre à personne. Ce n'est pas comme ça qu'on aura de sitôt de l'animation et de la vie dans nos villes et villages. Dans le cas d'incapacité de mise en service, la municipalité doit rendre la clef de l'établissement à la direction de la culture qui, à son tour, devra trouver le moyen de le remettre en marche. Le maire ne doit plus avoir le droit de vie ou mort de la culture dans sa circonscription. En somme, la formation des acteurs culturels de manière générale et l'élaboration d'un politique claire dans ce domaine sont les clefs d'une réelle socialisation de la culture. K. A.
