Mohamed Rahmani «4 000 logements sociaux locatifs vont être bientôt réalisés dans les localités d'El Gantra et H'djar Eddis dans la commune de Sidi Amar, wilaya d'Annaba. Ce nouveau quota de logements a été décidé par le ministre de l'Habitat lors de sa dernière visite dans cette wilaya. L'Etat compte ainsi se débarrasser définitivement de l'habitat précaire. Les terrains occupés par ces constructions illicites serviront d'assiette à d'autres projets, logements ou équipements publics.» C'est ce qu'a déclaré, hier, le directeur de l'Office de promotion et de gestion immobilières (Opgi) de la wilaya, qui a insisté sur le fait qu'Annaba est bien mieux lotie en matière de logements que les autres wilayas de par la densité de sa population mais aussi des flux migratoires qu'elle connaît. En effet, dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014 cette wilaya de l'Est a bénéficié d'une quote-part de 22 400 logements, qui ont tous été lancés et dont une grande partie a été réalisée et attribuée (près de 14 000 bénéficiaires). Mais ces milliers d'unités distribuées n'ont pas à ce jour réglé le problème épineux du logement, qui ne trouvera pas de solution tant que des mesures sévères et radicales ne sont pas prises. Les bidonvilles continuent toujours à ceinturer Annaba malgré l'affectation de logements aux habitants des lieux, car ces derniers avant de quitter les baraques qu'ils occupaient les revendent à d'autres, qui s'y installent pour réclamer une année plus tard un logement. D'autres viennent y construire encore de nouvelles baraques et le bidonville s'agrandit et prend des dimensions et des proportions qui tiennent des favelas brésiliennes, avec tous les problèmes que cela engendre. La dernière trouvaille en date a été d'exiger du bénéficiaire d'un logement social, avant la remise des clés de l'appartement, de présenter aux agents de l'Opgi le PV de démolition de l'habitat précaire qu'il occupait délivré par la commune de résidence, autrement il ne pourra pas emménager. Mesure qui a donné des résultats les premiers temps et on a vu que les bidonvilles commençaient à se réduire. Cela a marché pendant un certain temps car la parade a été trouvée: on démolit la baraque, on récupère le PV, on déménage puis on revient pour la reconstruire sur le même site avec les mêmes matériaux pour la revendre ensuite. Et c'est un marché très lucratif. Les baraques de bidonville se vendent très vite car on est sûr d'obtenir un logement grâce à elles, c'est une sorte de garantie et d'assurance qu'on prend. Le PV de démolition dûment établi par la commune ne sert donc plus à rien à partir du moment que ce qui se détruit le jour est reconstruit la nuit ou le lendemain, le site étant laissé à l'abandon et sans aucune surveillance. La Police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement (Pupe) est absente du terrain, les élus laissent faire, les fonctionnaires de l'Etat font dans le laxisme et la situation s'aggrave encore plus. Ce qui se passe, aujourd'hui, dans les communes de la wilaya d'Annaba est l'expression d'une anarchie qui menace les fondements même de l'Etat, on construit comme on veut où l'on veut et quand on veut, au su et au vu de tous. Car, on ne peut tout de même pas prétendre que la construction d'un kiosque ou d'une baraque sur un trottoir peut passer inaperçue !? Mais comme le dit si justement le proverbe «il n'est pire aveugle que celui qui ne veut rien voir». M. R.