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Le «Che», l'ami de toujours de l'Algérie
Il a adhéré à l'Association d'amitié France Algérie en 1963 et en est
Publié dans La Tribune le 11 - 10 - 2014

Les lecteurs l'auront compris : il ne s'agit pas d'Ernesto Guevara, le célébrissime révolutionnaire marxiste et internationaliste. Il est plutôt question du «Che» français, monsieur Jean-Pierre Chevènement, un autre grand ami de l'Algérie. Un ami indéfectible. L'ancien sénateur de Belfort, actuel président de l'AFA, l'Association France-Algérie, vient d'effectuer une visite d'amitié dans notre pays. Enième long séjour en Algérie où il compte de nombreux amis. Dont un certain Mohamed Safssaf, banquier de son état, compagnon d'armes et ami regretté des ultimes temps tragiques de la colonisation.
Ami, l'ancien ministre et historique du PS français l'est depuis toujours. C'est-à-dire depuis l'époque où jeune sous-lieutenant des SAS, les Sections administratives spéciales, et chef de cabinet du préfet d'Oran, il avait connu les ultimes drames de la guerre d'Indépendance. S'il a commandé en 1962 une unité de supplétifs indigènes, dans un poste isolé à Aïn Cheurfa, entre Sig et Sidi Belabbès, il n'a pas pour autant «cassé du fell», selon la tristement célèbre et macabre formule des parachutistes coloniaux. Et même s'il fut, dans sa prime jeunesse, membre du Cercle Patrie et Progrès, formé de gaullistes de gauche alors pros Algérie française, l'épreuve du terrain aidant, il s'est vite rangé à l'idée de l'Indépendance.
Ami des Algériens, il l'est encore plus dès l'instant où il rejoint, à sa création, le 20 juin 1963, l'Association France-Algérie. Dans cette école de l'amitié à construire, il côtoie des camarades de l'ENA comme Pierre Joxe et Bernard Stasi. Il y milita surtout aux côtés de grandes consciences françaises tels Jean Daniel, Geneviève de Gaulle, Jean Lacouture, François Mauriac, Stéphane Hessel, Germaine Tillion et le général Jacques Pâris de Bollardière. Quand il se rend en Algérie, ce futur socialiste souverainiste, patriote républicain et laïc, y vient en étant résolument convaincu que les peuples ont toujours besoin de se projeter dans l'avenir. Cet homme féru d'Histoire croit que l'amitié entre les peuples est une solidarité de destins. Que du passé colonial, il ne faut pas faire table rase, mais «qu'il faut certainement en parler, mais pas pour obscurcir l'avenir».
Ce fils de «hussards de la république», deux enseignants Francs-Comtois d'origine suisse alémanique, laboure les sentiers de l'amitié franco-algérienne en baliseur et niveleur de chemins abrupts. Il aplanit les sinuosités avec les mots qui apaisent parce qu'ils font sens. Pour avancer sans les cailloux de la mémoire dans les bottes, il propose l'action de la «conscience»en lieu et place de la «repentance». « Le passé ne doit pas étouffer l'avenir », tel est son crédo. Ne dit-il pas justement que «la France doit être consciente de ce qui s'est passé et de ce qu'elle a fait en Algérie» ? Et que les deux pays doivent faire ensemble ce «travail de conscience, beaucoup plus positif que de vouloir accabler son partenaire». La conscience, c'est précisément cette faculté qu'a l'homme de connaître sa propre réalité et de la juger. Dans «conscience», il y a la connaissance, la lucidité et le verbe «réaliser». La France a donc plutôt un devoir de lucidité et de reconnaissance, corollaires de la conscience.
Avec Jean-Pierre Chevènement, on peut discuter de la nature de ses réponses, jamais ou presque de la qualité de son questionnement. Quand ce laïc éclaireur de consciences rappelle que «la notion de repentance est une suggestion imprégnée d'esprit chrétien», c'est la raison même qu'il rencontre. Il a alors bien raison de le faire remarquer car la repentance est un souvenir douloureux, un regret de ses fautes et de ses péchés. Lorsqu'on demande à la France postcoloniale de faire son confiteor en se couvrant la tête de cendres, on exige donc d'elle un acte de contrition publique qu'un chrétien n'aurait fait que dans le secret d'un confessionnal. Et, ne le perdons pas de vue, dans le repentir, il y a le regret, le remord et le douloureux mea-culpa. Et lorsqu'il le fait observer, avec la délicate attention de l'ami qui use de cette «franchise qui va de pair avec l'amitié et le respect», il traduit au passage l'esprit même du Coran qui n'exige pas de battre sa coulpe pour les fautes des Autres. Dans le Chapitre de l'Etoile, Dieu, en effet, dans son infinie mansuétude, nous en décharge en énonçant «qu'aucune âme ne portera le fardeau d'autrui, sourate 53, verset 38». L'ancien ministre de Mitterrand et Jospin, qui a écrit 21 livres depuis 1967, dont le Courage de décider et le Pari sur l'intelligence, a souvent des idées claires pour l'action réfléchie. Jean-Pierre Chevènement n'a jamais séparé sa conception des relations bilatérales, à fortiori les liens d'amitiés entre l'Algérie et la France, d'une certaine «vision du monde». Alors, pour mieux regarder l'avenir des relations algéro-françaises, il a souvent souhaité, par exemple, voir émerger, «pour les problèmes liés à la mémoire, une structure équivalente à la commission Justice, Vérité et Réconciliation, qui a existé en Afrique du Sud postapartheid». Beau plaidoyer pour des doses supplémentaires d'optimisme dans des relations entre deux peuples que réunissent, sans toujours les unir, l'Histoire, la Méditerranée, le français comme langue de partage, le sang mêlé et versé et les inéluctables intérêts partagés. De l'optimisme, il en faut, beaucoup même, jusqu'au jour où il y aura, de part et d'autre, des
de Gaulle, des Adenauer, des Mitterrand et des Kohl qui confieront la mémoire aux annales de l'Histoire.
Pour les Algériens, il n'est pas difficile de travailler avec cet homme dont la qualité d'écoute patiente est nourrie de son sens de l'amitié et du respect. Son regard sur les intérêts souverains de son pays ne les dérange en rien. Il est d'autant mieux compris que leur interlocuteur œuvre pour une vision à long terme partagée des intérêts stratégiques des deux pays. Ils apprécient cet homme qui pense que «l'on sort de l'Histoire si on n'est pas capable de la continuer ensemble». Ils comprennent ce souverainiste qui exprime son opposition résolue et réfléchie à la construction fédéraliste de l'Union européenne. Tout aussi bien ses regrets de voir son propre pays marquer toujours moins d'indépendance en matière monétaire, de commerce extérieur, de flux financier, mais aussi de manière globale la subordination du droit français au Droit de l'UE. Et elle leur plait bien cette idée chevènementiste d'imposer une vision républicaine de la nation, basée sur le consentement et l'adhésion des peuples. Ils respectent aussi, et beaucoup même, son opposition à la réintégration par la France du commandement intégré de l'Otan, y voyant une réelle menace de subordination de la politique étrangère de la France à celle des Etats-Unis.
«Trois sortes d'amis sont utiles, trois sortes d'amis sont néfastes. Les utiles : un ami droit, un ami fidèle, un ami cultivé. Les néfastes : un ami faux, un ami mou, un ami bavard», disait Confucius.
Monsieur Jean-Pierre Chevènement, lui, est un ami utile car il est droit, fidèle et cultivé. Et par-dessus tout, sait cultiver l'amitié.
N. K.


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