Le lien est vite fait avec la situation dans la région, notamment avec la crise en Syrie où l'armée syrienne reprend du poil de la bête face à des groupes armés aux connexions étrangères. L'intervention du Hezbollah sur le terrain syrien, afin de préserver ses bases arrières absolument vitales pour le mouvement de résistance, semble avoir été considérée comme un acte de guerre par les mouvements armés et certains de leurs instigateurs. Les rebelles et les djihadistes, dont le groupe extrémiste Daech en Syrie voisine déchirée depuis plus de quatre ans par un conflit dévastateur qui a fait plus de 250 000 morts, semble particulièrement gênés par l'action du Hezbollah dans des zones stratégiques entre le Liban et la Syrie. Hier, les familles enterraient leurs morts alors que le pays observait une journée de deuil national avec, notamment, la fermeture des écoles publiques et privées. Selon un nouveau bilan encore provisoire de la Croix-Rouge libanaise, l'attaque de jeudi a fait 43 morts et 239 blessés dans une rue commerçante bondée du quartier populaire de Bourj al-Barajné, dans la banlieue sud de Beyrouth. Le choix du lieu populaire et populeux prouve que l'assaillant voulait commettre le maximum de victimes. Deux kamikazes ont successivement fait détoner leurs ceintures explosives dans le quartier, et un troisième, qui n'a pu faire exploser sa ceinture, a été retrouvé mort. Il s'agit du premier attentat dans la banlieue sud de Beyrouth depuis juin 2014, lorsqu'un agent de sécurité avait été tué en empêchant une attaque. Le groupe Daech avait pour la première fois revendiqué, en janvier 2014, un attentat visant la banlieue sud considérée comme le fief du Hezbollah au Liban qui avait fait quatre morts, mais l'attaque de jeudi est la plus sanglante depuis 2013. A l'étranger, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a parlé «d'acte méprisable» appelant les Libanais à «continuer de travailler à préserver la sécurité et la stabilité» du pays tandis que Washington a dénoncé des «actes terroristes horribles». Entre juillet 2013 et février 2014, il y a eu neuf attaques contre la Dhahya, la banlieue sud de Beyrouth considérée comme lieu de la résistance libanaise. Après avoir subi les bombardements meurtriers de l'aviation israélienne la Dhahya est désormais la cible des attaques kamikazes de Daech. Lors d'un discours Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, avait de nouveau défendu son combat en Syrie, parlant d'«une bataille essentielle et décisive». «Sans la persévérance au sol face à Daech et ses alliés (...) qu'en serait-il de la région aujourd'hui, en Irak, en Syrie et au Liban?» s'est-il interrogé. M. B./Agences