La gouvernance mondiale sur le marché pétrolier «doit être revue, l'Opep se trouvant dans une impasse», estime l'expert et enseignant d'économie Alexandre Kateb, dans le sillage de la chute des prix du pétrole et l'échec de la réunion de Doha à trouver un accord pour endiguer cette baisse. «Il y a un nationalisme au sein de l'Opep qui mine de l'intérieur cette organisation. Aujourd'hui, celle-ci n'est pas fonctionnelle puisqu'elle se résume à un forum de discussion entre des Etats qui ne partagent plus les mêmes objectifs stratégiques», considère dans une interview au site Russia Today, l'enseignant à l'Institut d'études politiques de Paris. Selon l'économiste, la refonte de la gouvernance mondiale sur le marché pétrolier s'effectuera à travers la mise en place d'un «nouveau mode de gouvernance qui associe des pays Opep et des pays non-Opep, dans un cadre rénové en matière de régulation des prix et qui inclurait aussi les grands pays consommateurs et des pays qui sont à la fois grands consommateurs et grands producteurs comme les Etats-Unis. «Le cartel, aussi puissant soit-il, n'est plus capable d'assurer des prix élevés, donc il va falloir imaginer autre chose», a-t-il ajouté tout en évoquant le retour de l'Iran sur le marché, «un acteur qui possède les troisièmes plus grandes réserves mondiales de pétrole, et qui est aujourd'hui très en deçà de ses capacités». Sur l'incapacité de l'Opep à trouver un accord au moment où les prix du pétrole sont en baisse depuis deux ans, l'expert pense que «l'Opep a aujourd'hui considérablement perdu de sa capacité à influencer les prix mondiaux». «C'est lié à la fois à des facteurs externes et internes à l'Opep, estime-t-il. Le facteur externe à l'Opep est que, progressivement, la part des producteurs hors Opep, en premier lieu les Etats-Unis et puis la Russie aussi, a augmenté et cela remet en cause le pouvoir traditionnel qu'avait l'Opep sur les cours mondiaux du pétrole. Cette configuration externe est accentuée par les distensions existant au sein de l'Organisation et par l'absence de consensus sur la stratégie à adopter entre ses pays». Rappelons que l'expert pétrolier international, Mourad Preure est déjà revenu sur ce point dans un entretien accordé en février dernier à La Tribune. Selon lui, «il faut désormais relativiser le rôle de l'Opep car «nous entrons véritablement dans un nouveau paradigme pétrolier», a-t-il expliqué. En effet, ajoute-t-il, l'Opep ne pourra plus carteliser le marché comme elle a pu le faire par le passé. Car elle a face à elle une offre flexible qui s'ajustera à la hausse dès qu'elle baisse sa production et se réajustera à la baisse dès que le marché sera saturé et où les prix s'effondreront. En fait, aux yeux de M. Preure, l'Opep a cédé son rôle de swing producer, de producteur résiduel aux pétroles de schistes américains. Dans le moyen terme, elle ne pourra plus contrôler le marché, selon M. Preure. B. A./APS Alexandre Kateb explique la tendance baissière des cours du pétrole après Doha Dans une interview accordée au site Russia Today, l'expert et enseignant d'économie à l'Institut d'études politiques de Paris, Alexandre Kateb a expliqué la tendance à la baisse des cours du pétrole au lendemain de la réunion de Doha. Selon lui, «la demande mondiale est déprimée en raison des perspectives de croissance au niveau mondial qui restent relativement faibles. L'offre de pétrole, a-t- il ajouté, est «abondante». Dimanche dernier à Doha, la réunion des pays producteurs de pétrole membres et non membres de l'Opep s'est achevée sans qu'aucun accord ne soit conclu. Les investisseurs avaient espéré voir la réunion de Doha rassemblant 18 pays producteurs de pétrole membres et non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) aboutir à une décision sur un gel d'une production surabondante qui pèse sur les prix depuis près de deux ans. Mais les divergences entre l'Iran, qui a annoncé au dernier moment son absence à la réunion, et l'Arabie saoudite ont empêché les tractations d'aboutir. «Au final, la production de pétrole devrait rester élevée ce qui devrait mettre les cours du brut de nouveau sous une pression considérable», prévenait Craig Erlam, analyste chez Oanda. En outre, si les chiffres du département américain de l'Energie (DoE) ont confirmé hier ceux de l'association professionnelle du secteur pétrolier (API) publiés mardi, qui ont fait état d'une hausse de 3,1 millions de barils des réserves américaines de brut la semaine dernière, «cela donnerait une nouvelle impulsion baissière aux cours du pétrole», poursuivait M. Erlam.