A quoi sert-il, en effet, de restaurer des salles de projection si elles ne sont pas régulièrement dotées en nouveaux films ? Pourquoi produire des films que le public ne voit jamais ? De nombreux cinéastes algériens se posent ces deux questions avec insistance. Et, il est temps de répondre sérieusement à leur doléance. A cela, on doit aussi ajouter l'encouragement des petits métiers du cinéma (musicien, cadreur, perchiste, décorateur, éclairagiste, costumier, accessoiriste...) et la formation des personnels techniques aux nouvelles technologies du son et de l'image (monteur, mixeur, directeur photo, ingénieur de son, informaticien, technicien de maintenance...). Evidemment, il y a encore du chemin à faire pour rendre au cinéma algérien sa pleine dimension. Toutefois, des progrès ont été réalisés. Il y a également un grand potentiel en gestation. Gageons que la tutelle et les acteurs du secteur sauront prendre les bonnes décisions pour concrétiser à moyen terme ce vœu commun de la relance du cinéma algérien. Le cinéma algérien, après la longue agonie des années 1990, reprend progressivement des couleurs. Une jeune génération de cinéastes, bourrée de talent et d'ambition, prend le taureau par les cornes et défie toutes les difficultés pour faire des films - des courts et moyens métrages, notamment - qui racontent la vie de leurs compatriotes, avec ses déceptions, ses joies et ses espoirs. Leur présence est saluée dans divers festivals professionnels à travers le monde. Sur la même lancée des ciné-clubs essaiment un peu partout pour socialiser et (ré)ancrer cette précieuse culture cinématographique qui a connu son apogée durant les années 1970. A cette époque, le cinéma algérien était à l'avant-garde et ses œuvres étaient très appréciées à travers le pays et, surtout, à l'étranger. Cette «renaissance», entamée durant la seconde moitié des années 2000, est en train d'éclore. Des rencontres et des journées cinématographiques, des ateliers, des opérations de soutien aux petits projets sont organisés dans beaucoup de villes à travers l'Algérie. Les pouvoirs publics, à travers le ministère de la Culture, promettent d'accompagner cette dynamique dans l'objectif de rendre au septième art sa place d'antan dans le paysage culturel national et redorer l'image de la culture algérienne dans le monde. Un ambitieux programme de rénovation et de remise en service des salles de cinéma, laissées à l'abandon durant plus de 20 ans, a été lancé. Selon le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, plus de 80 salles de projection, équipées de matériel de dernière génération, ont fait peau neuve au niveau national et sont prêtes à l'exploitation. M. Mihoubi insistera par ailleurs sur la nécessité d'une gestion de ces salles par des cadres compétents. D'autres salles sont en chantier. A l'initiative d'un promoteur privé, un studio de postproduction, travaillant avec les normes DCP (digital cinéma package) vient d'être inauguré à Alger. C'est le premier du genre dans le pays. Cette nouvelle acquisition offre toutes les possibilités techniques de traitement du son et de l'image après le tournage, alors que cette phase essentielle de production, se faisait auparavant à l'étranger à des coûts jugés «excessifs». Voilà qui facilitera un peu plus la tâche à nos jeunes cinéastes, en allégeant considérablement leur montage financier. Mais la relance véritable du cinéma algérien exige d'autres efforts encore en matière de mise à niveau technologique, de promotion, de distribution et de formation de compétences techniques. Durant son long «coma», notre industrie cinématographique a raté les énormes progrès techniques qui ont révolutionné le monde de l'audiovisuel. Elle est, pour ainsi dire, devenue obsolète. L'inexistence d'une presse spécialisée et d'espaces d'études et de critiques, indispensables à l'essor de l'art cinématographique, se fait aussi lourdement sentir. Cet effort salutaire de promotion participe, bien sûr, à la socialisation du cinéma et à la fidélisation du public. Les médias publics et privés, ainsi que les milieux intellectuels et universitaires, ont un grand rôle à jouer dans ce registre. L'absence de réseaux de distribution et de diffusion fiables retarde aussi le (re)décollage effectif du cinéma. A quoi sert-il, en effet, de restaurer des salles de projection si elles ne sont pas régulièrement dotées en nouveaux films ? Pourquoi produire des films que le public ne voit jamais ? De nombreux cinéastes algériens se posent ces deux questions avec insistance. Et, il est temps de répondre sérieusement à leur doléance. A cela, on doit aussi ajouter l'encouragement des petits métiers du cinéma (musicien, cadreur, perchiste, décorateur, éclairagiste, costumier, accessoiriste…) et la formation des personnels techniques aux nouvelles technologies du son et de l'image (monteur, mixeur, directeur photo, ingénieur de son, informaticien, technicien de maintenance…). Evidemment, il y a encore du chemin à faire pour rendre au cinéma algérien sa pleine dimension. Toutefois, des progrès ont été réalisés. Il y a également un grand potentiel en gestation. Gageons que la tutelle et les acteurs du secteur sauront prendre les bonnes décisions pour concrétiser à moyen terme ce vœu commun de la relance du cinéma algérien. K. A.