Brahim Noual proposera d'intégrer l'art de la pantomime au programme de l'Ismas, d'ouvrir un master de formation dans ce genre, de l'inclure dans les spectacles de danse attirant un large public et de bénéficier des expériences arabes en mime et des écoles polonaise et française leaders dans ce domaine L'art de la pantomime était au cœur de la rencontre intitulée : «Quand l'expression fait place à la mime» organisé samedi dernier, à Oran, dans le cadre du programme académique du 9e Festival du théâtre arabe (FAT) qui se poursuit jusqu'au 19 janvier prochain simultanément à Mostaganem et à Oran. L'enseignant en théâtre et critique théâtrale à l'institut supérieur des métiers d'arts du spectacle et de l'audiovisuel de Bordj El Kiffan (Ismas) Brahim Noual a plaidé, lors de cette rencontre pour la relance du pantomime, où l'artiste s'exprime par des gestes, des mimiques, un art qui s'est éclipsé en Algérie depuis la fin des années 1980. Ce critique de théâtre a indiqué que l'art de la mime fait entrer le récepteur au monde du silence et donne à l'acteur des possibilités en matière de fiction et méditation, notant que la pantomime est une force d'accompagnement du discours oral. Dans une déclaration à l'APS en marge de la conférence pratique, Brahim Noual a rappelé l'époque où l'art du mime était présent dans les spectacles à la salle de cinéma Mouggar d'Alger dans les années 1980. Il a cité, dans ce sens, les œuvres artistiques interprétées par le comédien Didine utilisant son sifflet. Il a estimé que la disparition de cet art basé sur des mouvements corporels par le manque de formation en art et expression corporelle et le penchant de l'artiste algérien plus pour l'expression orale. L'introduction de la mime dans le ballet après les années 90 prenant une grande place dans la chorégraphie algérienne est une autre raison de l'éclipse de cet art. M. Noual a souligné à cet effet que la danse moderne interprétée par des chorégraphes algériens dont Nacéra Blaza, El Hadi Cherifa, Nouara et Noureddine Kaddour intègre la mime. Pour la relance de la pantomime en Algérie, Brahim Noual a proposé d'intégrer cet art à l'Ismas, d'ouvrir un master de formation dans ce genre, de l'inclure dans les spectacles de danse attirant un large public et de bénéficier des expériences arabes en mime et des écoles polonaise et française leaders dans ce domaine. Cette conférence pratique a permis de suivre des modèles européens de spectacles du mime et autres pratiques arabes, notamment l'expérience palestinienne qui a créé une révolution dans ce domaine. Il est à souligner l'Instance arabe du théâtre parraine le réseau des arts du mime et expression corporelle sur internet avec la supervision de spécialistes du Liban, la Palestine et d'Egypte. Ce réseau a attiré, depuis sa création en 2016, plus de 1 240 visiteurs dont des jeunes intéressés par l'art du mime. Par ailleurs, les représentations dans le cadre de cette 9e édition se sont poursuivies sur les planches du théâtre régional d'Oran Abdelkader-Alloula avec la présentation de Kharif (Automne) de la troupe Anfass, pièce mise en scène par Asmaâ Houri écrite par Fatma Houri, la sœur défunte de la metteure en scène. La thématique de la pièce est la maladie du cancer qui est encore tabou et/ou est entourée de superstition dans certaines sociétés, arabes notamment. Le public suivra le récit d'une jeune femme atteinte d'un cancer qui a perdu ses cheveux, tel un arbre qui perd ses feuilles en Automne, d'où le titre de la pièce. Lors de la présentation, le directeur de la troupe Anfass a souligné que «Kharif est aussi un hymne à la vie», ajoutant que «le cancer n'est pas forcément la maladie, telle qu'on l'imagine, mais peut-être un cancer social, ou une situation d'échec total et social ou encore la mort. Mais il peut aussi signifier le début d'une nouvelle vie. Ainsi, la pièce, à travers le cancer, célèbre aussi la vie». Pour sa part, Asmaâ Houri dira que «la pièce est un hommage à toutes les femmes qui souffrent en silence de cette maladie». Dans Kharif, on découvre deux comédiennes de talent. L'une, Salima Moumni, qui incarne la femme malade, est toute en silence. Véritable chorégraphe, ses gestes, ses attitudes, ses mouvements, les expressions de son visage et de son corps sont expressives, exprimant la souffrance physique induite par la maladie et la souffrance morale devant sa dégénérescence, sa déchéance et la cruauté inconsciente de l'autre, qui, par superstition, la rejette. Mais l'arbre, miracle de la nature généreuse, voit ses feuilles repousser au printemps. C'est le renouveau et l'espoir. S. B./APS