L'accord d'association Algérie-UE, entré en vigueur en 2005, est nettement en défaveur de notre pays. Profitant de la levée des barrières tarifaires, les pays européennes exportent à tout va vers notre pays, omettant d'honorer leur partie du contrat en ce qui concerne, notamment, les facilités de placement des produits algériens sur leurs marchés ainsi que le volet relatif aux investissements directs et au transfert de technologies. Or, tout partenariat doit être profitable aux deux contractants, faute de quoi la coopération entre les deux parties serait constamment en danger. Et selon le bilan, rendu public lundi dernier, par les Douanes algériennes, l'accord en question a engendré depuis sa mise en œuvre à fin 2015, un manque à gagner cumulé de 7 milliards de dollars aux recettes du pays. Au mois d'octobre 2015, au cours d'un Conseil des ministres, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait déjà annoncé son intention de «renégocier» les termes de ce contrat afin de remédier au grave déséquilibre qui le caractérise. «L'Algérie estime nécessaire de procéder à une réévaluation du volet économique et commercial de l'accord […], d'autant que le doublement de nos importations à partir de l'espace européen n'a pas été accompagné de la hausse attendue des investissement européens», est-il expliqué, alors, dans le communiqué de la présidence de la République. A cela, il faut aussi ajouter la nécessité de favoriser l'insertion des produits algériens sur le marché européen. En dix ans, les exportations algériennes hors-hydrocarbures sont estimées à 12,3 milliards de dollars, selon l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), soit en moyenne 1,2 milliard de dollars par an. En revanche, les importations se sont établies à 195 milliards de dollars pour la même période, apprend-t-on de même source. L'UE accepte les arguments de son partenaire algérien et reconnaît le bien fondé de la critique formulée. Bruxelles s'est dite disposée pour la révision des points soulevés et l'introduction de nouvelles modifications dans l'accord de libre-échange pour harmoniser, un tant soit peu, les échanges bilatéraux. Les premières discussions entre les deux parties, datant de juin 2015, ont été conduites par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. L'occasion de soumettre toutes les réserves d'Alger dont, notamment, les pernicieuses barrières dressées contre le placement de produits algériens en Europe, ainsi que la faiblesse du flux d'investissements européens dans le pays, en dépit des avantages uniques accordés dans ce sens. D'autres contacts ont suivi cette entrée en matière. Au mois de mars dernier, le ministre du Commerce a indiqué que «le processus de renégociation risque d'être un peu long», en soulignant que «les réserves formulées ont été acceptées et prises en charge» par la partie européenne. A priori, les exportateurs algériens s'attendent à un assouplissement conséquent des mesures qui leur sont imposées de l'autre côté de la Méditerranée. D'autres opérateurs nationaux, qui sont en relation de longue date avec des homologues européens, s'emploient à les convaincre de se lancer dans un partenariat productif sur place. Les représentants de diverses marques industrielles européennes (comme l'automobile, par exemple) voient grand et comptent créer sur place des unités de montage et/ou de production, avec l'intention de couvrir, dans un premier temps, la demande domestique avant d'envisager l'exportation. Ils comptent profiter des facilités accordées (accès au foncier, bonification des crédits et simplification des procédures administratives) dans le cadre de la perspective dite de diversification de l'économie nationale. Les investisseurs européens savent aussi toute l'importance de se placer à temps dans un marché dynamique et ouvert sur l'Afrique et le Moyen-Orient. L'Algérie de 2017, en dépit de la conjoncture relative à la baisse des cours du brut, est bien différente de celle de 2004, en ce sens qu'elle renégocie en position de force et avec des propositions concrètes et alléchantes. L'association Algérie-UE est évidemment en voie de rééquilibrage qui serait favorable aux deux parties. L'Europe en a présentement autant besoin que l'Algérie de cette remise à niveau. K. A.