Le développement réel du cinéma ne consiste pas simplement à rouvrir des salles de projection, à créer des écoles de formation (scénaristes, acteurs, metteurs en scène, réalisateurs, techniciens, accessoiristes...) et à financer la réalisation de deux, trois ou une dizaine de longs métrages. Au tout début, on doit penser à créer la demande, le public. La mise en place de cet environnement favorable est un préalable au succès de toute la démarche. C'est l'assise qui servira au lancement de l'industrie cinématographique dans laquelle l'initiative privée serait dominante. A-t-on aujourd'hui les moyens pour mettre en œuvre une telle politique ? Veut-on réellement développer le cinéma ? Comment faire face à la forte concurrence qu'il y a dans ce domaine ? Voilà les questions auxquelles il va falloir répondre en toute lucidité. Le temps où l'Etat administrait les salles, produisait des films et distribuait de l'argent sans demander des comptes est révolu. Aujourd'hui, il est question d'aller vers une industrie cinématographique performante, capable de se faire une place à l'international, de créer des richesses et de réaliser des profits pour s'autofinancer et voler de ses propres ailes. Dans une telle option, le rôle de l'Etat se limiterait à la régulation et à l'encadrement juridique adéquat pour céder les autres volets aux professionnels. La formation dans les métiers de l'art et de l'artisanat n'est pas l'apanage exclusif de l'Etat. Partout à travers le monde, l'initiative privée et l'action associative jouent un rôle prépondérant dans ce registre. L'offre de formation publique est souvent circonscrite au secteur l'enseignement supérieur où les études de ce genre sont, doit-on souligner, payantes. Chez nos voisins immédiats, à l'Est comme à l'Ouest, on trouve dans les grandes villes des écoles et des instituts privés qui proposent des formations qualifiantes dans plusieurs disciplines de l'art et des savoir-faire anciens. Grâce à des financements privés et extérieurs, les fondations et les associations participent aussi à cet effort. La musique, le chant, les arts plastiques, le design, le théâtre ou le cinéma sont autant de spécialités dispensées au profit des passionnés qui se prédestinent à une carrière dans le monde du spectacle, de la création et du show-biz. Quelle que soit sa bonne volonté, l'Etat ne peut pas assurer à ses dépens des formations dans tous les domaines et à tout le monde. Les métiers de l'artisanat, par exemple, s'apprennent sur le tas, dans un atelier de grand-maître qui transmet son savoir-faire pratique à de jeunes disciples, prêts à reprendre le flambeau de ce précieux legs patrimonial. Cette chaîne de transmission naturelle est comme rompue en Algérie où l'on a la fâcheuse habitude de tout mettre sur le compte exclusif de l'Etat. Un art ou un produit de l'artisanat doit nécessairement avoir ses fidèles et ses usagers dans le pays. Ce public et cette clientèle alimentent, financièrement et moralement, la discipline concernée et participe à son essor. Sans cela, il n'est pas possible de produire des œuvres très coûteuses pour une poignée de personnes. Avant de parler de formation et de production, on doit d'abord s'engager pleinement dans la promotion de la culture à tous les niveaux. Le foyer familial, les acteurs de la société civile, le tissu associatif, les promoteurs privés, l'école, les collectivités locales, les instituts de l'enseignement supérieur, ceux de la formation professionnelle, les institutions de l'Etat…, bref tout le monde, doit agir en faveur de l'action culturelle et soutenir sa socialisation. En clôture de la 3e édition du Festival du cinéma révolutionnaire de Bouira, des acteurs et des comédiens ont appelé les pouvoirs publics à encourager la formation et la production cinématographique à travers la création d'écoles, de centres de formation et l'ouverture de salles de projection. «L'Etat doit accorder davantage d'importance au cinéma pour que ce dernier reprenne sa place d'antan dans notre pays par l'ouverture de toutes les anciennes salles de cinéma afin d'encourager la production et la formation cinématographique», avaient-ils insisté. En un mot, on préconise de persister dans la politique de l'assistanat qui a largement prouvé toutes ses limites. N'est-il pas encore temps d'œuvrer pour l'émancipation du secteur culturel dans la perspective de l'affranchir de toutes les tutelles en se donnant tous les moyens de son autonomie financière et éditoriale ? Ce choix est certes difficile, mais c'est la seule alternative réellement viable pour un secteur sensible qui a survit jusque-là sur les subsides de l'Etat. L'aide directe des autorités ne devrait être qu'un simple appoint dans cette nouvelle vision qui doit s'articuler sur les promoteurs (publics et privés) et l'apport fondamental du public. Le développement réel du cinéma ne consiste pas simplement à rouvrir des salles de projection, à créer des écoles de formation (scénaristes, acteurs, metteurs en scène, réalisateurs, techniciens, accessoiristes…) et à financer la réalisation de deux, trois ou une dizaine de longs métrages. Au tout début, on doit penser à créer la demande, le public. La mise en place de cet environnement favorable est un préalable au succès de toute la démarche. C'est l'assise qui servira au lancement de l'industrie cinématographique dans laquelle l'initiative privée serait dominante. A-t-on aujourd'hui les moyens pour mettre en œuvre une telle politique ? Veut-on réellement développer le cinéma ? Comment faire face à la forte concurrence qu'il y a dans ce domaine ? Voilà les questions auxquelles il va falloir répondre en toute lucidité. Le temps où l'Etat administrait les salles, produisait des films et distribuait de l'argent sans demander des comptes est révolu. Aujourd'hui, il est question d'aller vers une industrie cinématographique performante, capable de se faire une place à l'international, de créer des richesses et de réaliser des profits pour s'autofinancer et voler de ses propres ailes. Dans une telle option, le rôle de l'Etat se limiterait à la régulation et à l'encadrement juridique adéquat pour céder les autres volets aux professionnels. K. A.