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La «griotique», une revendication de la renaissance culturelle africaine
Abordée par le dramaturge ivoirien Acho Weyer en marge du Panaf
Publié dans La Tribune le 27 - 07 - 2009

En marge du 2ème Festival culturel panafricain d'Alger (Panaf), lors du colloque intitulé «Le théâtre africain : entre modernité et tradition» entrant dans le cadre du volet scientifique du Festival international du théâtre d'Alger, le dramaturge ivoirien Acho Weyer, directeur du Festival international du théâtre sans
frontière (FITSAF) d'Abidjan, a présenté une intervention sur le thème «La ‘‘griotique'', une esthétique théâtrale de la Côte d'Ivoire au service du théâtre africain».
Acho Weyer est tout d'abord revenu sur la genèse du concept de la «griotique» né au début des années soixante-dix, lors du colloque sur le théâtre négro-africain initié par l'Ecole des lettres et sciences humaines de l'université d'Abidjan. A cette occasion, certains chercheurs occidentaux, à l'exemple de Claude Pairrault, avaient établi une comparaison entre le théâtre masqué dans la Grèce classique et les rites masqués d'Afrique. Dans une démonstration grâce à des analyses poussées, elle avait mis en exergue le fait que «malgré leur caractère ésotérique, les liturgies masquées d'Afrique ont néanmoins un aspect théâtral dans la mesure où il y a action». En revanche, d'autres intellectuels occidentaux avaient affirmé à l'époque que le terme théâtre est caractéristique d'un peuple à écriture, dans lequel s'établit une dissociation aisée entre le dramaturge, les metteurs en scène et les acteurs. Par conséquent, on ne peut parler de théâtre dans une civilisation africaine reposant sur des cultures orales.
Face à ces propos offensants, Acho Weyer explique que «des dramaturges ivoiriens de la deuxième génération vont s'inscrire dans un théâtre très engagé qui dénonce l'esthétique de type traditionnel inspirée des normes occidentales dans un courant de pensée contraire à l'esthétique théâtrale à l'italienne».
Ainsi, c'est grâce à la mouvance révolutionnaire que Zadi Zaourou et Niangoran Porquet créent respectivement le «didiga» ou l'art de l'impensable et la «griotique».
Le directeur du FITSAF axera son intervention sur la présentation de l'esthétique de la «griotique», qui a eu un grand impact sur le théâtre africain contemporain. Il affirme que Niangoran Porquet, poussé à la révolte, avait ainsi donné naissance au concept de la «griotique», une forme théâtrale qui s'enracine dans une culture authentique et dynamique. Un théâtre total et une revendication de la renaissance culturelle africaine. La «griotique», selon son fondateur, est «l'expression dramatique dans laquelle s'intègrent d'une manière méthodique et harmonieuse le verbe et le chant, le mimétisme et le gestuaire, la danse et la musique, la littérature et l'histoire des Afro-nègres».
L'intervenant explique que l'expression «griotique» repose sur le radical griot (l'émetteur) et le suffixe ique (porteur du sens «relatif à, concernant»). C'est donc un néologisme. Dans la «griotique», le griot occupe une place primordiale dans la démarche artistique car, selon Niangoran Porquet, le griot incarne une philosophie africaine qui traduit le fondement de l'art théâtral africain.
Partant de cette conception, l'initiateur de cette esthétique indique que la «griotique» est vue comme une philosophie dont le but principal converge vers l'affirmation de la personnalité africaine et s'inspire des fonctions du griot. C'est cet ensemble de fonctions incarnées par le griot, considéré comme une expression dramatique authentique, qui influencent toute «griotisation», c'est-à-dire la mise en scène «griotique» ou l'ensemble des moyens artistico-scéniques qui intègrent les actions poétique, musicale, chorégraphique et théâtrale, le tout soutenu par des mimes et des gestes appropriés. Abordant l'aspect esthétique, Acho Weyer souligne que, du point de vue scénographique ou «griographique», la «griotique» propose un espace de plaisir et de communion entre acteurs et spectateurs, d'une part, et entre spectateurs, d'autre part. L'espace de jeu peut être modifié selon le «griotacle» à représenter.
En somme, l'espace «griotique» rompt nettement avec l'illusion de la scène à l'italienne. C'est un espace inspiré de l'organisation des veillées de contes autour du feu. Cette disposition acteurs-publics rappelle aussi la place du village, lieu où se déroulent toutes sortes de rencontres.
L'autre élément caractéristique de la «griotique» réside dans la forme des spectacles où le «griotiseur» (metteur en scène) s'appuie sur des poèmes et extraits de pièces de théâtre, tirés des œuvres de célèbres auteurs africains et négro-africains (Bernard Dadié, Senghor, Guy Menga, Léon Gontran Damas, Aimé Césaire...). Dans ces spectacles, la musique, le chant, la danse et l'utilisation des instruments de musique traditionnels, qui s'entremêlent intelligemment, constituent les moyens techniques de réalisation. Dans un spectacle «griotique», outre le personnage qu'il incarne, le «grioticien» (acteur) chante, danse, utilise son corps comme décor pour transmettre une émotion ou un sentiment. Le «grioticien» est également un instrumentiste, en somme un homme orchestre.
Même si la «griotique» se veut la nouvelle forme d'expression dramatique africaine, elle se réfère néanmoins à l'heure de la cybernétique aux normes conventionnelles modernes de la mise en scène pour épouser l'ère du temps.
Après avoir rendu hommage au fondateur du «griotique», Acho Weyer conclut son intervention en soulignant : «La ‘‘griotique'' invite l'Afrique à prendre en charge son destin, à s'appuyer sur ses valeurs culturelles immenses aux fins de faire éclore sur ses terres grises et fertiles son théâtre. Un théâtre qui soit une synthèse de toutes les civilisations et guidé par les réalités culturelles africaines dont le griot constitue la bibliothèque vivante.»
S. A.


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