Photo : Riad Par Abdelghani Aïchoun L'un des sujets qui a fait polémique ces derniers jours, à la veille de cet important rendez-vous des Verts, est bien évidemment la compatibilité du Ramadhan avec le sport. Beaucoup a été dit, mais rares sont les personnes habilitées qui se sont exprimées. Au lieu que le débat soit centré -même si pour certains il n'avait pas lieu d'être, étant donné que faire carême ou non est une chose des plus intimes- autour de l'aspect scientifique, des intervenants, notamment dans les médias, l'ont axé autour de la religiosité des uns et des autres. Un joueur de l'équipe nationale a même failli se faire descendre en flammes parce qu'il avait déclaré dans un entretien accordé à un média étranger qu'il ne faisait carême que durant ses jours de repos. En tout cas, les responsables de la Fédération algérienne de football ont voulu procéder autrement. Donc, à la veille de ce match face à la Zambie, la FAF a invité un spécialiste en la matière, en l'occurrence le professeur Ronald J. Maughan, titulaire d'une chaire à la célèbre «School of Sport and Exercise Sciences», de l'université de Loughborough, en Grande-Bretagne, afin qu'il donne une conférence ayant pour thème «la nutrition et l'hydratation du footballeur». L'événement a eu lieu le 31 août dernier à l'hôtel Dar Diaf de Cheraga, à Alger. Une conférence organisée dans le cadre du programme initié par la FAF «pour une préparation optimum de l'équipe nationale aux prochaines échéances», entre autres, au match de demain face à la Zambie. Ce programme, qui «se poursuivra par l'application des mêmes méthodes au profit de l'équipe nationale U17 qui est en préparation de la phase finale de sa Coupe du monde au Nigeria en octobre prochain ainsi que des équipes olympique et U20 qui préparent d'autres échéances», vise également «à individualiser les besoins nutritionnels et hydriques des joueurs de notre équipe nationale et de les préparer au mieux pour les conditions particulières du prochain match face à la Zambie, demain à Blida». En d'autres termes, préparer au mieux les joueurs pour ce match qui doit se dérouler en pleine période de Ramadhan. Donc, pour les quelques rares spécialistes qui se sont exprimés, le Ramadhan ne présente pas forcément d'effets indésirables sur les joueurs puisque la majorité de ces spécialistes ne sont pas aussi tranchés dans leurs analyses. S'adonnant à un exercice difficile en surfant sur l'aspect scientifique, religieux et psychologique de la chose, certains spécialistes, de peur de «froisser» les convictions des uns, préfèrent ne pas «prendre position» et éviter ce débat. Le docteur Yacine Zerguini, membre de la commission médicale de la FIFA et de la FAF, une notoriété en la matière, au point que même le président de la Fédération internationale de football (FIFA), le Suisse Sepp Blatter, a qualifié de «positive» la recherche faite par l'Algérien concernant la performance des footballeurs au mois de Ramadhan et a estimé que le Ramadhan ne présente pas forcément d'effets indésirables sur les joueurs. Pour lui, l'essentiel est que les footballeurs s'astreignent à un régime alimentaire bien précis. «Les joueurs doivent dormir beaucoup et faire attention à ce qu'ils mangent et boivent durant les heures autorisées», a-t-il déclaré, entre autres, dans un entretien paru sur le site Internet de l'instance footballistique internationale. En revanche, le docteur Zerguini reconnaît que le jeûne peut poser problème lorsque les matches sont joués sous de grandes chaleurs (ce qui est valable même pour les autres mois de l'année, précise-t-il), comme ce sera probablement le cas pour ce mois de Ramadhan. Il est vrai que le problème de la pratique du sport durant ce mois est beaucoup plus lié aux «habitudes» des Algériens en termes d'alimentation par exemple. La récupération hydrique pose un problème D'autre part, s'exprimant, il y a quelques jours dans les colonnes d'un confrère, le professeur en médecine du sport, Rachid Hanifi a estimé que «le volet énergétique ne peut par conséquent être incriminé dans une contre-performance éventuelle. Par contre, la récupération hydrique pose un problème lorsqu'on sait l'importance de la réhydratation pendant et immédiatement après l'effort». «Il est bien clair qu'un effort intense accompli pendant la journée, particulièrement en saison chaude, risque de poser quelques inquiétudes au plan musculaire, rénal et même cardiaque. L'autre souci lié à la récupération consiste en un sommeil qui est quelque peu perturbé durant le mois de Ramadhan, lequel pousse les jeûneurs à veiller et à se lever durant la nuit pour le s'hor. Si l'aspect apport énergétique ne constitue pas un handicap pour le sportif pendant le carême, les deux facteurs de récupération représentés par la réhydratation et le sommeil peuvent, par contre, être gênants pour le sportif», a-t-il ajouté. Axant, par la suite, son intervention sur le match des Verts face à la Zambie, le professeur Rachid Hanifi indique que «les joueurs seront en principe en début d'adaptation physiologique aux changements imposés par le mois sacré. Ils devraient être moins gênés que lors des premiers jours. Cependant, quelques précautions devraient être respectées, Saadane étant suffisamment compétent en la matière pour prendre les mesures nécessaires, il serait à mon sens plus prudent de prévoir quelques séances d'entraînement d'adaptation aux conditions de la compétition», avant d'ajouter que «le volet capital pour cette rencontre sera l'approche psychologique de la préparation, la condition physique des professionnels et le choix tactique de Saadane devant être en principe au niveau requis. La prise en charge psychologique des joueurs devrait être optimale, sans excès et sans trop de pression». En tout cas, plusieurs spécialistes, même en refusant de s'immiscer dans les croyances des uns et des autres, relèvent quand même que faire carême tout en ayant à jouer un match de haut niveau peut éventuellement avoir des effets «indésirables» sur le footballeur. La seule manière de se protéger est de s'astreindre à un régime alimentaire bien particulier. Seulement, qu'en sera-t-il quand l'adversaire ne fait pas carême ? Là, c'est encore plus compliqué. Les uns et les autres évitent de se poser cette question. A. A. Jeûner ou pas : la polémique qui a ébranlé la sélection égyptienne La polémique autour de Ramadhan a ébranlé quelque peu la sélection égyptienne. Le président de la Fédération égyptienne, Samir Zaher, a assuré, dans une récente déclaration, que le groupe appelé à affronter le Rwanda aujourd'hui à Kigali n'observerait pas le jeûne du Ramadhan. Les footballeurs ont reçu la bénédiction du Conseil islamique égyptien. «De grands muftis ont autorisé les joueurs à manger le jour du match, a déclaré le dirigeant. Les coéquipiers d'El-Hadary sont conscients de la tâche qui les attend face au Rwanda et c'est par patriotisme que nous allons le faire», avait-il déclaré. Pour rappel, une haute autorité islamique égyptienne avait prononcé une «fetwa» autorisant les footballeurs à ne pas jeûner durant le mois de Ramadhan, provoquant la colère d'autres oulémas et un rejet de quelques joueurs, a indiqué la Fédération égyptienne. Cet édit religieux a été prononcé, en premier lieu, en vue de la Coupe du monde des moins de 20 ans qui se déroulera en Egypte à partir du 24 septembre prochain, quelques jours après la fin du Ramadhan, afin que le jeûne n'affecte pas l'entraînement des joueurs de la sélection. Dar al-Ifta, une institution chargée de clarifier les principes religieux et d'énoncer des décrets, «a permis aux joueurs de rompre le jeûne», a déclaré le porte-parole de la Fédération égyptienne de football, Alaa Abdel Aziz. Mais «les joueurs ont refusé. Ils insistent pour observer le jeûne», a-t-il ajouté. Le porte-parole de Dar al-Ifta a expliqué que «si un joueur doit participer à des matches et que le jeûne affecte ses performances, alors il peut rompre ce jeûne». Cette «fetwa» a provoqué la fureur du Front des oulémas d'Al Azhar. «Jouer c'est jouer, ce n'est pas une activité essentielle dans la vie qui justifie de rompre le jeûne du Ramadhan», estime cette association sur son site Internet. Il est à signaler, en dernier lieu, qu'en septembre 2008, les Pharaons s'étaient trouvés dans la même configuration contre le Congo à Brazzaville (victoire 1-0). Les joueurs n'avaient pas jeûné. A. A. Le tribunal de Boufarik ordonne à la société SOFAPA d'interrompre l'utilisation des images de l'équipe nationale MediAlgeria, l'agence marketing de la Fédération algérienne de football, représentée par maître Youcef Hammouda, avocat au barreau d'Alger agréé à la Cour suprême et au Conseil d'Etat, a intenté une action en justice enregistrée le 28/06/2009 sous la référence 09/2626 à l'encontre de la société SOFAPA, située dans la zone industrielle de Baba Ali, pour utilisation frauduleuse de l'image de l'équipe nationale.A la suite de cette action, et après présentation des arguments de la partie adverse, le tribunal de Boufarik a ordonné en référé, le 3 août 2009, la cessation immédiate de l'utilisation des photos de l'équipe nationale, propriété exclusive de la Fédération algérienne de football, de ses agents et sponsors dûment mandatés. L'ordonnance en référé est exécutoire sur minute nonobstant toutes voies de recours, conformément aux dispositions de l'article 303 du code de procédures civiles et administratives. Le tribunal de Boufarik a également condamné la société SOFAPA au règlement intégral des frais de justice. Il est à rappeler que la société avait utilisé sans autorisation l'image de l'équipe nationale de football afin de promouvoir une marque de lait en poudre importée.
