Sur l'initiative de l'association française Génériques qui s'intéresse de très près aux phénomènes de migration en France et dans le monde, l'exposition «Générations, un siècle d'histoire culturelle des Maghrébins en France» est installée au Centre national d'histoire de Paris et cela jusqu'au 18 avril 2009. Cette association qui travaille depuis 1987 sur l'amélioration des connaissances concernant l'histoire a procédé à la collection de plusieurs archives se rapportant à la Méditerranée. Cette recherche a finalement rassemblé une masse de documents non encore connus du public et qui permettent de suivre les différentes périodes ayant marqué l'histoire commune entre la France et le Maghreb. Des photographies, des extraits sonores, de la musique et surtout des films, tous des témoins concrets de la vie des émigrés qui reflètent leurs visions de la société française. En effet, ces documents rares sont les narrateurs de l'histoire des émigrés, leur exil et comment ils ont procédé à la construction d'une nouvelle identité culturelle franco-maghrébine. Aussi, et pour qu'elle ne soit pas une simple exposition, les membres de l'association Génériques ont également départagé les différentes étapes de l'intégration des Maghrébins en France. Avec des thèmes bien précis, l'exposition s'est penchée sur l'évolution des émigrés en commençant par leur arrivée sur le territoire français. Elle retrace aussi comment les Maghrébins sont parvenus à s'imposer et à revendiquer leurs droits en utilisant leur culture comme arme, telle que la musique andalouse qui se joue aujourd'hui un peu partout à Paris et dans d'autres villes de France et d'Europe. Cette musique a même permis l'apparition d'un nouveau genre musical propre à l'exil.Viendra ensuite l'indépendance de l'Algérie qui déclenchera de nouveaux combats intellectuels en France. A ce propos, l'exposition qualifie Kateb Yacine de «symbole puissant de cette double appartenance culturelle». Sans oublier les incontournables artistes Noura, Idir et Djamel Allam qui sont également cités comme des artistes «traits d'union» entre deux cultures. Le dernier volet de l'exposition est consacré aux années 1980, à la lutte pour l'égalité et au mouvement SOS racisme, pour se clôturer avec les derniers événements des années 1990 et l'apparition du terme «jeunes Français issus de l'immigration». A ce sujet, Naïma Yahi dira que «cette exposition veut répondre à une amnésie collective. Toute cette histoire, ce patrimoine culturel commun, rend possible aujourd'hui une identité culturelle franco-maghrébine. Il y a une demande sociale forte. On n'aurait jamais pu faire ce travail il y a dix ans». Dans ce sillage, rappelons que l'association a déjà organisé un festival dédié au cinéma maghrébin et cela durant trois jours avec une quinzaine de films de cinéastes d'origine maghrébine. Concernant les activités futures, l'association envisage de rendre hommage au défunt Kateb Yacine le 9 décembre prochain à l'Institut du Monde arabe (IMA), Paris. W. S.