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Apulée, Maxime le grammairien et saint Augustin, ces Algériens méconnus
De grands hommes qui ont servi l'humanité entière
Publié dans La Tribune le 11 - 02 - 2010

De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
Ce pays a enfanté de grands hommes, des hommes qui ont servi l'humanité tout entière et qui l'avaient éclairée en des temps immémoriaux où seules l'ignorance, la violence et la barbarie bénéficiaient d'un droit de cité et triomphaient de tout. En ces temps obscurs, l'antique Taghaste et Madaure avaient vu naître Apulée, Maxime le grammairien et saint Augustin dont la berbérité transparaît à travers leurs écrits et est revendiquée par une pensée supérieure. Apulée, qualifié par les historiens comme étant le premier romancier au monde avec son livre les Métamorphoses (l'Ane d'or) à travers lequel on pouvait trouver déjà tous les «ingrédients» d'un roman, un héros, des intrigues, des situations de personnages, du comique et des aventures burlesques. Né vers 123 à Madaure, Lucius Apeleus (Apulée de Madaure) est issu d'une famille aisée, son père était duumvir (magistrat) et bien qu'il fût romain par sa culture et son œuvre, il se disait berbère et le revendiquait, il se disait «mi-numide et mi-gétule» et était toujours attaché à ses origines. «Chez nous autres Africains, disait de lui saint Augustin, Apulée, en sa qualité d'africain, est le plus populaire.» C'est dire cet attachement et cette volonté de s'affirmer comme tel qu'on retrouve aussi bien chez saint Augustin que chez Apulée.
Ce «nous» révélateur d'une appartenance, d'une culture propre, de l'expression d'une identité et d'un sentiment d'indépendance vis-à-vis des autres, appelle, revendique une reconnaissance par le force de l'écrit, de la pensée philosophique et non par le dialogue du fer et du feu. Le Numide, l'Algérien n'a jamais abdiqué, n'a jamais trahi ses origines, toujours prêt à lutter et à défendre son identité. Le glorieux épisode rapporté par l'historien grec Strabon vient confirmer une union sacrée des peuples berbères, Zénètes et Sanhadja (Gétules) qui avaient affronté le pharaon Psousennès II.
C'est du Sud-Ouest algérien qu'est partie une coalition de tribus, rejointe en cours de route par des milliers de Berbères. Menée par Sheshonq (nom berbère de Sheshnaq), cette coalition a vaincu le pharaon Psousennès II et a mis sur le trône d'Egypte Sheshonq qui épousa la fille du pharaon en 952 avant J.-C. fondant ainsi la XXIIe dynastie. Maxime le grammairien, cet homme dont le nom est intimement lié à sa ville natale Madaure, et par qui l'Afrique a pris possession de la langue latine, est presque inconnu et n'est cité que très rarement. Pourtant, c'était un rhéteur et un grammairien de premier ordre à la fin du IVe siècle, connu dans toute l'Antiquité pour avoir professé dans sa ville natale et avoir fait ses classes dans les écoles de l'antique Taghaste avec saint Augustin, dont il était l'ami intime. Il avait un esprit large et tolérant. Malgré son paganisme et ses convictions, il est toujours resté en bonnes relations avec saint Augustin, évêque d'Hippone, auquel il adressait des lettres d'objection contre le christianisme. Dans ses lettres, il s'interrogeait et interrogeait le saint homme sur Dieu, l'Unique, sur la vérité et sur les hommes. Les réponses de saint Augustin, empreintes de pédagogie religieuse, mais convaincantes, se fondaient sur des vérités admises par tous et non sur la force de la rhétorique. «Il me serait aisé de vous pousser sur ce sujet car vous voyez bien ce qu'on pourrait dire sur cela ; mais je me retiens, de peur que vous ne disiez que ce sont les armes de la rhétorique que j'emploie contre vous, plutôt que celles de la vérité», lui répondit saint Augustin dans l'une de ces lettres. Ces lettres, qui témoignent d'un dialogue civilisationnel, montrent la force des mots au moment où seule la parole admise et entendue était celle des armes.
Saint Augustin, est la lumière éternelle du christianisme, docteur de l'Eglise. L'évêque d'Hippone, né en 354 à Taghaste et décédé en 430, avait fait ses classes dans cette dernière ville avant de poursuivre ses études à Madaure puis à Carthage et revenir plus tard en 375 à Taghaste où il enseigna la grammaire puis la rhétorique à Rome. Son influence, bien plus tard, sur la théologie de l'Eglise catholique et l'augustinisme, était devenue un système de pensée, le premier dans la chrétienté. Il est considéré comme un des pères de l'Eglise et l'un de ses docteurs les plus influents. Aujourd'hui, aussi bien à Taghaste (Souk Ahras) qu' à Madaure (M'Daourouch), ces hommes illustres qui ont brillé à travers les siècles, enseigné les lettres et l'art de la rhétorique et guidé l'humanité, sont presque inconnu et ignorés de leurs descendants. Pourtant, les vestiges de l'âge d'or qu'a connus cette région sont encore là, témoins d'une civilisation plus que millénaire narguant un présent stérile qui ne reconnaît même pas leur existence. Les ruines de Madaure, qui s'étalent sur plusieurs hectares, dont la citadelle byzantine, le théâtre romain et la prestigieuse université, les «restes» de Taghaste, dont on n'a pas encore situé le site et l'olivier séculaire de saint Augustin, est pour certains l'expression d'une civilisation qui a éclairé l'Antiquité. A Souk Ahras, tout ce qu'on a concédé au «saint homme», est cette petite rue qui finit en cul-de-sac, baptisée «rue saint Augustin» sans plus ou alors ces initiales de la ville de Souk Ahras (S. A.) qui tiennent encore malgré les vandalismes et l'amnésie qui frappent les mémoires et les esprits. Nos repères, nous les avons, qu'ils soient contemporains avec nos héros de la glorieuse guerre de libération, de nos écrivains émérites comme Tahar Ouettar ou de nos combattants, tels l'Emir Abdelkader et bien d'autres ; il s'agit tout simplement de les «ressusciter» et de les «actualiser» parce qu'ils sont notre force et notre devenir. Ces hommes-monuments de la pensée universelle, reconnus et respectés à travers le monde, sont superbement ignorés chez nous mais, comme dit l'adage, «nul n'est prophète en son pays».
Quel dommage !


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