«La science, qui n'a plus de frontières aujourd'hui, est un mécanisme permettant le développement économique et la création d'emplois», a déclaré hier le professeur Elias Zerhouni, envoyé spécial du président américain chargé des sciences et des technologies à Alger. La phrase de l'enfant prodige de Nedroma, diplômé de l'université de médecine d'Alger et ancien directeur de l'Institut national de la santé des Etats-Unis (2002-2008), est une évidence qui doit être prise au pied de la lettre pour amorcer la politique de développement chère à nos dirigeants. Le monde (plus précisément les pays dits développés) en phase postindustriel mise sur le développement des nouvelles technologies et l'apport de la recherche scientifique, tous secteurs confondus, comme vecteur d'évolution et de concurrence. La raison des scientifiques dans certaines contrées a supplanté celle des technocrates. Les Occidentaux se livrent une bataille sans merci à la recherche de la «matière grise». L'hégémonie de l'être humain sur la planète s'est faite grâce à la science. Celle-ci, comme l'a précisé le professeur Zerhouni, n'a pas de frontière. Elle ne dépend que de la place qu'on lui accorde. En Algérie, malgré un budget important qui lui a été alloué par la loi de finances 2010, le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (plus de 173 milliards de DA), après ceux, entre autres, de l'éducation, de la santé et des collectivités locales, reste marginalisé. De 1997 à 2008, le nombre de chercheurs permanents a diminué de 2 000 à 1 500. Pourquoi cette défection ? Les Algériens seraient-ils moins «savants» que les autres ? D'ailleurs, dans différentes occasions, le président de la République a insisté sur l'importance d'associer les compétences algériennes établies à l'étranger pour le développement du pays. A quoi est due cette sempiternelle fuite de cerveaux ? Un scientifique a besoin de tout un univers propice à ses travaux. Il ne s'agit pas seulement de rémunérations avantageuses, mais d'un cadre de vie et de travail à même de favoriser l'exploitation de son savoir. D'abord, les gouvernants doivent définir clairement ces orientations en matière de recherche en adéquation avec les besoins. Déterminer le secteur est la problématique à solutionner, ensuite, mettre les moyens techniques au service des chercheurs. Dans un pays qui a du mal à trouver des laboratoires de contrôle de qualité conformes et qui sous-traite le contrôle de conformité des archandises à l'importation, il est urgent de mettre en place des laboratoires de pointe. Et, enfin, garantir aux chercheurs un statut «particulier». Un érudit devrait être tenu au-dessus des besoins quotidiens en termes d'habitation, de nourriture, de transport ou de tracasseries bureaucratiques. Toute son énergie doit être réservée à son domaine de recherche. L'efficacité d'un chercheur ne dépend pas plus de ses compétences que de l'environnement dans lequel il évolue. S. A.