Synthèse de Moumene Belghoul La commission électorale soudanaise (NEC) a indiqué hier que l'annonce des résultats des élections générales tenues la semaine dernière au Soudan est reportée à dimanche prochain. La commission a expliqué cette décision par la complexité du processus de dépouillement des bulletins de vote qui a débuté vendredi dernier et qui pourrait durer plusieurs jours. Le Soudan a tenu du 11 au 15 avril ses premières élections multipartites (législatives, régionales et présidentielle) depuis 24 ans. Le vice-président de la NEC, Abdellah Ahmed Abdellah, avait estimé que ces élections constituaient un premier pas «vers un véritable changement démocratique» dans le pays. Ces élections ont été saluées notamment par la Ligue arabe, l'Union européenne, l'Union africaine (UA) et l'Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l'Est (IGAD). Le Parti du Congrès national (NCP, au pouvoir), dirigé par le président Omar Hassane El Béchir, a annoncé avoir remporté une «victoire écrasante» face à ses rivaux. Le parti du Président a rejeté des déclarations américaines selon lesquelles les élections soudanaises n'avaient pas été «libres et équitables». Lundi dernier, un porte-parole du département d'Etat américain a déclaré que les élections au Soudan n'étaient pas «aux normes internationales». Les observateurs de l'Union européenne et de la Fondation Carter avaient également conclu le week-end dernier que les premières élections multipartites depuis 1986 au Soudan ne répondaient pas complètement «aux normes». La Fondation Carter et la mission de l'UE ont fait état de problèmes logistiques (bulletins de vote envoyés dans les mauvais bureaux de vote, noms d'électeurs absents des listes électorales…), mais aussi de problèmes politiques (atteintes aux libertés fondamentales) et de sécurité (intimidation). Le Soudan, le plus vaste pays d'Afrique, est toujours dans l'attente des résultats de ce scrutin qui devrait reconduire le président El Béchir, au pouvoir depuis 1989. Malgré ses critiques envers ces élections, le département d'Etat américain a souligné vouloir poursuivre ses relations considérées comme délicates avec Khartoum. Le Soudan subit des sanctions américaines depuis 1997. Prises au départ en représailles contre les pays accusés de soutenir le terrorisme, les pressions sont renforcées dans le sillage de la crise du Darfour.