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Les fantômes reviennent toujours
Rachel Corrie, la martyre – «Rachel-Corrie», le cargo humanitaire pour Ghaza
Publié dans La Tribune le 10 - 06 - 2010

La photo de la jeune fille a longtemps fait le tour des sites progressistes et anti-impérialistes. Incontestablement, elle était belle et pour ces raisons que nous connaissons sans pouvoir les dire, elle était encore plus belle face au bulldozer. Longtemps, quelques- uns d'entre nous se sont demandé d'où venait cette force d'Israël de mettre à mort cette Américaine, sans rien risquer de son puissant parrain. Le meurtrier qui conduisait le bulldozer avait promis qu'il la tuerait. Il l'a écrasée alors qu'elle s'opposait, un porte-voix en main -un porte-voix contre un bulldozer, vous vous imaginez la scène et la symbolique ?- à la destruction des champs et des maisons palestiniens. Rachel Corrie avait 24 ans et vivait si puissamment son idéal de justice qu'elle avait fait le long voyage en Palestine pour défendre le droit de ses enfants à garder cette terre. Les maîtres du monde, les grands Etats-Unis, ont laissé faire. Le meurtrier savait qu'il ne risquait rien et il n'a rien eu à payer. Pendant longtemps, quelques progressistes arabes, des socialistes non repentis, des anticolonialistes et des anti-impérialistes se sont demandé comment faire connaître le sacrifice de cette jeune Américaine aux Arabes et dans le monde arabe. L'enjeu était primordial. Les Arabes et les musulmans eux-mêmes devaient comprendre que la question
palestinienne était politique et non religieuse ou ethnique.
Peut-être plus importante pour les Arabes et les musulmans pour des raisons historiques, culturelles ou religieuses. Mais pas plus
différente dans sa nature que la question du Vietnam ou de l'apartheid. Pas différente, dans son essence, des autres questions coloniales. Les transformations politiques dans le monde arabe ne nous l'ont pas permis. D'une part, les régimes arabes se sont
massivement et progressivement mis sous la tutelle impérialiste, chacun pour ses propres raisons. Partout, la politique de l'Infitah a détruit toutes les forces sociales et politiques attachées à l'idée de souveraineté pour livrer les Etats aux castes de l'import/import comme nous l'appelons en Algérie. Partout, ces castes ont d'abord pour ennemi principal les peuples arabes eux-mêmes, qu'elles doivent mater et soumettre en leur inculquant, à coups de répressions répétées, que la seule politique réaliste est celle de s'en remettre aux Etats-Unis et de s'attacher la confiance d'Israël. Ces Etats ou ces régimes n'allaient quand même pas faciliter l'éloge de la résistance d'une militante américaine quand ils se dérobaient aux devoirs minimaux que leur imposait une identité arabe proclamée jusqu'à l'abus. Sur le terrain social, cette espérance des progressistes arabes était encore plus difficile. La conscience spontanée des gens les poussait à voir le problème sous un aspect religieux et avec leur stock disponible de vocabulaire. Et leur stock disponible de notions politiques les poussait et les pousse à recourir au langage religieux mais à un langage religieux ambivalent qui ne renvoie pas aux mêmes significations dans la bouche des simples gens et dans celle des militants islamistes. La différenciation est en train de s'opérer mais à des cadences trop lentes car les relais progressistes au sein de la société –en tout cas en Algérie, il faut voir pour les autres pays- se sont désintégrés après 1988.
En mars 2004, seuls quelques milliers de personnes à travers le monde ont connu sa mort. En cette période charnière entre mai et juin 2010, des centaines de millions de personnes connaissent son nom. Peut-être des milliards de personnes. Un autre Américain est mort pour que revive le souvenir de Rachel.
La presse dominante écrit un Turco-Américain. Pourquoi un Turco-Américain et pas un Américain tout court ? Il faut y réfléchir. Peut-être que c'est moins grave de tuer en haute mer, dans les eaux internationales, là où la liberté de circulation est absolue, un Turco-Américain qu'un Américain tout court. Le bateau «Rachel-Corrie» est arrivé après le drame et le meurtre. Neuf morts en tout et cinq disparus. On ne parle plus des disparus. Mais grâce à Rachel Corrie, nous avons appris que l'armée israélienne a mis une sacrée raclée à un bateau américain en 1967 : 34 soldats américains morts dans le bombardement israélien de ce navire de guerre américain en 1967. Que s'est-il passé entre 2003 et 2010 pour que cela change si profondément et que l'ombre de la victime vienne habiter les
protestations nouvelles et leur insuffler vie et courage ?
Etre chrétien au Moyen-Orient
Cette semaine, le pape s'est inquiété de l'avenir chrétien au Moyen-Orient. Il parlait de Chypre. Vers 1970, tout le monde aurait pensé au conflit chypriote qui divisait l'île. Masi à l'époque, les Arabes plutôt musulmans étaient les amis de monseigneur Makarios, le leader chypriote grec, et la Turquie représentait une des nations les plus réactionnaires de l'OTAN dans la région. Les colonels grecs aussi, d'ailleurs, et Mikis Theodorakis, pour ne parler que du plus célèbre des prisonniers politiques grecs, peut en parler.
Il en a parlé aussi en musique. Israël avait autour de vingt ans ou un peu plus. Partout dans le Moyen-Orient subsistaient ces sociétés multiconfessionnelles. Partout aussi subsistait la mémoire des Ottomans et du califat mort depuis un demi-siècle, à l'époque. Un demi-siècle ne suffit pas à effacer la mémoire. Jugez-en au prisme algérien : cela fait un demi-siècle que nous sommes indépendants et nous parlons de la guerre et de la France comme si c'était hier. Même pour ceux qui sont nés après la guerre. Il faut vraiment des spécialistes pour pénétrer les arcanes de l'Eglise d'Orient. Pourquoi dit-on grecque pour l'Eglise orthodoxe et pourquoi les chefs de cette Eglise étaient-ils justement grecs et non arabes, et cela a-t-il eu un impact sur l'Eglise palestinienne et sur l'engagement des chrétiens de Palestine ? Il faudra le demander à nos amis libanais, palestiniens, syriens pour un éclairage minimum sur l'histoire de cette Eglise d'Orient et ses rapports tumultueux à l'Eglise d'Occident. En dehors de la guerre civile au Liban dans laquelle un aspect confessionnel a recouvert des clivages politiques, le Moyen-Orient a-t-il connu une guerre des confessions significative entre chrétiens et musulmans ? A-t-il même connu des conflits significatifs entre juifs et musulmans, y compris pendant la montée du nazisme ? Aucun historien honnête ne peut avancer cela en dépit de l'alliance réelle entre sionisme et tutelle britannique en Palestine et l'éradication du mouvement national palestinien embryonnaire par les Anglais en 1936. Tous les historiens, au contraire, parleront d'une bonne entente des trois religions dans ces contrées qui ignoraient tout de l'Etat-nation jusqu'à l'arrivée des impérialistes anglais et français. Cette cohabitation s'est maintenue un peu partout sauf en Algérie pour des raisons historiques qui ne relèvent pas du tout de la religion. Force est de constater que chaque intervention extérieure occidentale a activé artificiellement des conflits religieux.
Cette intervention occidentale voulait dès le départ que, sur les débris de l'Empire ottoman se constituent des Etats confessionnels ou ethniques. Les Anglais et les Français n'ont pas tout à fait réussi à le faire. Mais leur idée de base était de reproduire en Orient leur propre processus historique revisité sur la base des mythes de l'Etat-nation : monolingue, mono-ethnique et mono-confessionnel. Elle est reprise aujourd'hui dans l'idée du grand Moyen-Orient. Elle est en application imparfaite en Irak. La division actuelle entre chiites, sunnites et Kurdes doit, selon les buts israélo-américains, s'approfondir. Et ils vont tout faire pour l'approfondir.
Quelles sont les premières victimes de ces manœuvres occidentales ? Les chrétiens d'hier et d'aujourd'hui ? Les chrétiens. Nous voyons plus les chrétiens d'Irak. Ils payent un tribut incroyable. Ainsi ces interventions occidentales qui chantent la diversité provoquent des dégâts considérables sur cette même diversité religieuse et sociale pluriséculaire. Est-ce vraiment une erreur ou un dégât collatéral comme on dit ? Pas du tout. Elle est parfaitement calculée dans le projet de partition de ce pays à laquelle ne s'oppose plus qu'un vague sentiment national plus romantique que réel et en tous les cas totalement absent chez les Kurdes travaillés par le désir d'un Etat ethnique et travaillés au corps par Israël dans ce but. La destruction de cette diversité correspond tout à fait aux visions politiques du colonialisme particulier à cette partie du monde. Il correspond tout à fait à la vision sioniste aussi. Les Américains sous l'impulsion des néoconservateurs plus sionistes qu'historiques déclarent à qui veut l'entendre qu'ils réduiront la région à quelques micro-Etats ethniques ou confessionnels incapables de représenter un quelconque danger pour Israël. Pour l'Etat sioniste qui doit être l'Etat des seuls juifs. Le nettoyage ethnique est de toutes les façons en cours. La judaïsation d'El Qods n'est qu'un segment d'une politique entamée en 1948 et courageusement décortiquée et dénoncée par Ilan Pappe dans son livre : le Nettoyage ethnique de la Palestine. Dans les faits, les chrétiens palestiniens émigrent plus facilement et plus nombreux. Si la partition du Liban avait réussi, elle aurait provoqué une des pires catastrophes du Moyen-Orient. Probablement pire que la création de l'Etat sioniste. Et cet Etat ne renonce pas et ne renoncera pas à la partition du Liban pour la question hyper-stratégique de l'eau et pour les raisons religieuses qui font du Sud-Liban un territoire de l'ancienne histoire juive. Le pire ennemi de la diversité religieuse dans cette contrée est la politique occidentale de création puis de soutien inconditionnel d'Israël. Le drame des chrétiens de l'Orient est resté muet pour des raisons religieuses internes à l'histoire de l'Eglise et pour des raisons racistes : il a touché des Arabes. Et finalement, un chrétien arabe reste d'abord un Arabe. Sinon, comment tous ces pays sourcilleux de liberté religieuse peuvent-ils laisser Israël judaïser El Qods, c'est-à-dire à terme ne pas laisser de chrétiens dans cette ville ? A quoi serviront alors les églises ? Au tourisme ? Quel cynisme ! Israël, en incarnant l'idée du peuple élu au-dessus de tous et au-dessus de tout, frappera aussi les croyances des peuples d'Europe. Il frappera leurs valeurs. C'est dans la nature de son projet de tout subordonner à sa survie. Même la partie chrétienne d'une Europe en perte de son âme dans son dernier projet colonial.
M. B.


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