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A la découverte de l'art rupestre
Les Bochimans sont les premiers habitants de l'Afrique du Sud
Publié dans La Tribune le 20 - 06 - 2010


Synthèse de Hassan Gherab
Au Cap, à trois ou quatre heures de piste en direction du nord, le long du littoral atlantique, se trouve la région semi-aride du Cederberg. C'est là que le reporter Rob Nixon s'est rendu. Et il en est revenu avec un reportage sur l'art rupestre des premiers habitants de l'Afrique du Sud, les San (ou Bochimans), qui a été publié sur le site du magazine Ulysse.
A l'entrée d'une grotte, Bill Mitchell, ancien chef cuisinier réputé du Cap reconverti en guide, montre du doigt la vallée de la rivière Doring en contrebas et les crêtes des montagnes du Cederberg au loin. «Dans ces montagnes, dans toute la région du Cederberg, on dénombre 7 000 grottes contenant des œuvres d'art rupestre. Et il ne s'agit là que de celles dont on connaît l'existence. Plusieurs fois dans l'année, un agriculteur me téléphone pour m'annoncer une nouvelle découverte», explique-t-il. Dans la grotte, des peintures San : un éléphant fantomatique, un éland du Cap (une antilope de la taille d'un buffle) et une file de sveltes chasseurs brun rougeâtre cheminant le long des parois rocheuses.
La région du Cederberg figure à peine sur la carte des hauts lieux touristiques d'Afrique du Sud. Pour de nombreux visiteurs, le pays reste une destination limitée à deux points d'intérêt, l'un dans une réserve animalière et l'autre au Cap. Comme les meilleurs parcs se trouvent tous dans le Nord-Est, à plus de 1 600 kilomètres du Cap, le vaste territoire qui se situe au milieu reste largement inexploré. Pourtant, les richesses de l'art rupestre du Cederberg sont accessibles depuis Le Cap. De plus, Mitchell propose des formules de visites guidées avec prise en charge. Il a transformé une ancienne ferme en relais d'où pourraient partir des touristes pour explorer des grottes, dont certaines se trouvent à moins d'une heure de marche. «La question est de savoir si nous protégerons mieux cet art en gardant secrets ces lieux ou en les révélant au public dans l'espoir que plus de gens s'en occuperont […]. Je pense qu'il faut prendre le risque et amener plus de monde ici, faire en sorte que davantage de Sud-Africains s'identifient à cette partie fantastique de leur patrimoine culturel - ou, plutôt, du patrimoine de l'humanité», explique le guide quinquagénaire.
Le choix de Mitchell de faire connaître les œuvres d'art rupestre des San dans le Cederberg est marqué au coin du bon sens et se justifie. Car les peintures San sont menacées. Elles subissent des dégradations, comme cela a toujours été le cas depuis l'arrivée des colons afrikaners dans la région, au XIXe siècle. A l'époque, les puritains ont effacé les pénis des figures peintes sur les parois. Aujourd'hui, c'est les voleurs et vandales qui représentent un danger pour ces vestiges. Rob Nixon remarquera que, parmi les dizaines de personnages qu'il a examinés, certains semblent littéralement défigurés. «Non, non, ce n'est pas du vandalisme. C'est simplement dû à l'usure du temps», le rassure Mitchell.
Mais si les peintures se sont garanties du vandalisme, il en est tout autrement du temps qui a eu raison de la teinture blanche que les San employaient souvent pour colorer les visages, ce qui rend leur préservation plus que nécessaire, urgente.
Or, pour préserver ces vestiges, il faut les connaître, les étudier, donc avoir les moyens humains et matériels pour le faire, sinon les trouver.
Et c'est ce qu'a fait le département de Physique de l'Université de Pretoria et le Rock Art Research Institut (RARI) de Johannesburg. Dans le cadre de la collaboration, depuis plusieurs années, avec le Laboratoire de dynamique, interactions et réactivité (LADIR) du CNRS-Université Pierre-et-Marie-Curie, une équipe du LADR a ainsi réalisé la première spectroscopie Raman de peintures rupestres San d'Afrique du Sud.
Une spectroscopie Raman consiste à analyser, grâce à la réflexion d'une lumière laser, la nature chimique et physique d'un corps. En laboratoire, cette technique permet des études très variées, en sciences mais aussi dans l'industrie. L'équipe du LADIR a fait sortir cette technique du laboratoire grâce à des appareils plus légers qu'elle a emportés en novembre 2009 en Afrique du Sud, dans le bush de la province Est du Cap et même à 3 000 mètres d'altitude dans les montagnes du uKhahlamba-Drakensberg dans le Kwazulu-Natal, à la frontière du Lesotho. L'équipe a ainsi pu analyser des peintures rupestres de la civilisation San comme on ne l'avait jamais fait auparavant. L'analyse a permis d'étudier certains des pigments utilisés en déterminant leur nature et donc leur origine. Les paramètres influant sur la conservation ont pu aussi être précisés, une connaissance importante pour la préservation des peintures rupestres.
Les résultats de ces analyses non invasives viennent de paraître dans le Journal of Raman Spectroscopy. Ce travail est aussi une illustration des applications possibles. «Nous voulons montrer ce que l'on peut faire avec les derniers développements instrumentaux en spectroscopie de terrain», explique Philippe Colomban, directeur de recherche au CNRS et directeur adjoint du LADIR, qui expose pour le site Futura-Sciences, les détails de cette expédition scientifique.
Le LADIR, en collaboration avec le Rock Art Research Institute, a tenté de réaliser des mesures in situ de peintures rupestres San malgré les difficultés à la fois des accès (abris sous roche en haute montagne ou en pleine savane) et de mesure (surface à analyser rugueuse et recouverte de dépôts, sol accidenté) afin de préciser s'il était possible d'obtenir des informations non seulement sur les pigments utilisés mais aussi sur l'état de conservation des œuvres.
En outre, les chercheurs ont travaillé avec Stephen Townley Bassett, un artiste expérimentant les techniques de peinture des peuples San à partir d'informations recueillies auprès des derniers détenteurs de ce savoir : utilisation de coquilles d'œufs d'autruche, de diverses ocres, de sang, de graisses animales, de venins de serpent, etc.
Un premier voyage, en 2008, a permis de sélectionner les lieux de mesures et de préciser la définition de l'instrumentation. Il a fallu ensuite résoudre de difficiles problèmes de logistique (emballage des instruments, expédition, formalités administratives, optimisation du dispositif de positionnement de la tête spectroscopique déportée dont le réglage se fait à quelques microns près, etc.) L'expédition proprement dite a pu commencer, regroupant deux scientifiques sud-africains, une scientifique française en post-doc à Pretoria et une scientifique du LADIR accompagnant le matériel ainsi que le réalisateur et l'ingénieur du son de CNRS-Images réalisant un film (qui sera présenté sur France Inter lundi prochain dans l'émission «La tête au carré»).
L'équipe a gagné d'abord les montagnes bordant le Lesotho (Giant's Castle, site du Patrimoine mondial Unesco en uKhahlamba-Drakensberg, KwaZulu-Natal) puis le site de savane RSA BUF 1 entre Jamestown et Queenstown, province Est du Cap. A Giant's Castle, le sol constitué de blocs de pierre rendait délicat le positionnement de la sonde. Le lieu ayant été utilisé comme abri de chasse, seules les peintures placées haut sur les parois étaient suffisamment propres pour une analyse efficace.
En plus de ces dépôts dus aux activités humaines, la présence de déjections d'animaux, d'activité fungique et de lichens et les traitements de protection à base de polymères effectués dans le passé sur les zones basses pouvant être touchées par les visiteurs ont en fait conduit à la formation d'une couche de surface générant une forte fluorescence masquant le signal Raman.
A BUF 1, avec le dispositif utilisé (excitation laser verte à 532 nanomètres), un nombre significatif de signatures Raman ont été obtenues sur les pigments rouges de type ocre (à base d'hématite) et sur les pigments blancs (calcite résultant probablement du traitement thermique de coquilles). De telles signatures ont également pu être obtenues sous les dépôts recouvrant les peintures.
L'étude en cours au laboratoire des homologues fabriqués par Stephen Bassett doit permettre d'évaluer le protocole d'analyse non invasive Raman vis-à-vis de ceux nécessitant des micro-prélèvements (absorption IR, spectroscopie de masse). Des tests positifs ayant été réalisés sur prélèvement avec un dispositif laser rouge, un des objectifs sera de pouvoir détecter les adjuvants (graisse, salive, sang, extraits de plantes, blanc et jaune d'œuf, venins, résines naturelles, etc.) susceptibles d'avoir été utilisés soit pour des raisons techniques (application, mouillabilité, accrochage…), soit du fait du contexte culturel (appropriation de la qualité des animaux chassés, liens avec le sujet, animal, personnage ou bien créature mythologique comme les thérianthropes, etc.), en dialogue avec les collègues anthropologues du RARI. Les résultats permettront d'optimiser les procédures d'analyses pour de nouvelles campagnes de mesures in situ, en Afrique du Sud ou dans d'autres sites de peintures rupestres, comme celles existant en Algérie…


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