La salle Ibn Zeydoun a vibré vendredi dernier au rythme d'un jazz savoureux servi par le pianiste émérite algérien Azzedine Tebibel accompagné de ses disciples. C'est face à un public nombreux et fait de connaisseurs que le pianiste prend place derrière son instrument ainsi que Nacer Menia à la batterie, «un autre dinosaure», dira Azzedine Tebibel, et le jeune bassiste Sid Ali, étudiant à l'atelier de jazz du Centre culturel français dirigé par le pianiste. Le trio enclenche la soirée avec une reprise du pianiste Chick Corea intitulée Again and again, histoire de bien mettre le public dans un bain très jazzy. Azzedine Tebibel en véritable enfant de la scène chauffe la salle et s'improvise animateur. Il enchaînera par la suite avec le morceau They will be another you de Chet Baker composé en 1942. Les présents restent figés devant la prestation grandiose du trio original composé de deux maîtres à savoir Azzedine et Nacer Menia et un jeune bassiste récemment converti au jazz. «Ce jeune homme était un guitariste dans un groupe de rock mais grâce à son adhésion à l'atelier, nous avons pu déceler son talent en tant que bassiste jazz», dira le pianiste qui n'hésitera pas à qualifier son protégé d'enfant prodige. Le trio donne l'impression de s'amuser sur scène et dégage une énergie très positive qui contaminera très vite le public. Sur la demande du batteur Nacer Mania, le trio interprète le morceau Take five du grand jazzman Dave Burbeck. Il exécutera durant ce morceau un drum solo impressionnant qui sera gratifié par une avalanche d'applaudissements. Le jeune bassiste s'éclipse et cède sa place à un autre étudiant, mais hélas, ce dernier ne remplira pas sa tâche et se verra vite remballé par le pianiste. Sid Ali est de retour pour prouver son talent sous les applaudissements de la foule. Le trio jouera par la suite les titres : The loop, un standard du jazz et Bouncing with Bud de Bud Powell, pianiste américain de jazz (1924-1966).Cerise sur le gâteau, le trio deviendra quartet avec l'arrivée du jeune saxophoniste Arezki, une autre trouvaille d'Azedine Tebibel. La formation étonnera le public avec le morceau Mas que nada qui rassemble à merveille les quatre instruments. Le public reconnaîtra très vite le rythme exotique de la composition du Brésilien George Ben Jor et chantera en chœur «Oh maria raiou, Oba, Oba, Oba…». Le quartet enchaînera par la suite avec un standard de jazz sur lequel Azeddine se lâche au piano et au synthétiseur et pour clôturer en beauté, et surtout à la demande du public, ils rejoueront Mas que Nada.Le concert prendra fin vers les coups de 1h du matin après avoir conquis le cœur des Algérois qui se sont délectés d'un pur jazz servi avec classe par Azzedine Tebibel et ses disciples. W. S.